FENTREPRISES EW ont une histoire aussi longue et intéressante que Merck. Fondé en 1668 par Friedrich Jacob Merck en tant que pharmacie à Darmstadt, le plus ancien apothicaire du monde a survécu à plusieurs guerres européennes, deux guerres mondiales et le régime nazi. En 1917, le gouvernement américain a confisqué sa filiale américaine en vertu du Trading with the Enemy Act. Elle a fonctionné comme une entreprise rivale, basée dans le New Jersey mais, de manière déroutante, également nommée Merck, depuis.
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Belén Garijo, l’Espagnole de 60 ans sans fioritures qui prendra la direction de Merck le 1er mai, dit qu’elle est parfaitement consciente de l’héritage de son entreprise et de sa structure de propriété unique. 70% de la société est toujours aux mains de la 13e génération de Mercks (le reste appartient à des investisseurs publics). Et c’est à l’instigation de la famille que Stefan Oschmann, le sortant PDG, et Mme Garijo, son adjointe, ont transformé Merck grâce à une série d’acquisitions audacieuses d’un fabricant de médicaments vivant de médicaments hérités en un conglomérat qui fabrique des équipements et des produits chimiques pour les laboratoires de biotechnologie ainsi que des produits pharmaceutiques. «La diversification est la force», insiste Mme Garijo, qui incarne elle-même la diversité, devenant ainsi la deuxième femme à diriger une entreprise dans le DAX 30 index des puces les plus bleues d’Allemagne.
Les investisseurs ont applaudi le changement stratégique sous M. Oschmann (voir graphique). La valeur marchande de Merck est passée de 36 milliards d’euros (41 milliards de dollars) en 2016 lorsqu’il a pris la barre à 63 milliards d’euros, plus que Bayer, un autre grand fabricant de médicaments allemand, qui compte presque deux fois plus d’employés que Merck, et presque autant BASF, un géant de la chimie. L’an dernier, le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 9% à 17,5 milliards d’euros; le résultat net a bondi de 51% à 2 milliards d’euros.
La tâche la plus immédiate de Mme Garijo est de gérer un remaniement de la suite exécutive. La société installe de nouveaux responsables de la fabrication de médicaments, de la recherche et du développement et de l’activité pharmaceutique américaine. Il a également récemment remplacé le chef de la division des laboratoires; Udit Batra, qui le dirigeait, est parti après que Mme Garijo l’ait propulsé au premier poste l’année dernière.
La nouvelle patronne doit également veiller à ce que le potentiel commercial de la voie tracée par son prédécesseur se réalise, déclare Matthew Weston du Credit Suisse, une banque. Certains gros paris semblent avoir déçu. Bintrafusp alfa, un médicament pour lutter contre le cancer du poumon qui est à un stade avancé de développement, n’a montré aucun bénéfice par rapport à un médicament rival dans les essais. Seuls deux autres médicaments sont proches d’une utilisation clinique potentielle, un traitement du cancer du poumon et un pour lutter contre la sclérose en plaques. En 2020, les ventes de l’activité médicaments ont légèrement baissé de 1%.
Au cours de l’année de la pandémie, cela a été compensé par la solide performance de la division des laboratoires de Merck, qui est devenue la plus grande branche de l’entreprise. Ses ventes ont augmenté de près de 10% à 7,5 milliards d’euros en 2020. En février, Merck a annoncé qu’elle allait considérablement accélérer l’approvisionnement en bulles grasses nécessaires à la fabrication du vaccin Pfizer-BioNTech contre le covid-19. Peu d’entreprises dans le monde sont capables de produire ces lipides personnalisés en grandes quantités pour la production de vaccins. La société a également annoncé qu’elle investirait dans la capacité de production de matières plastiques jetables pour bioréacteurs, un autre ingrédient essentiel pour les fabricants de vaccins covid-19.
Le secteur des laboratoires devrait continuer à prospérer une fois la pandémie apaisée, pense M. Weston. Cela permettra à Mme Garijo de se concentrer sur les médicaments, ce qu’elle est bien placée en tant qu’ancienne chef de la division pharmaceutique. M. Oschmann sera un acte difficile à suivre, mais pas impossible. ■
Correction (23 avril 2021): Merck ne recherche plus un nouveau responsable de sa division laboratoire, comme nous l’avions initialement suggéré
Cet article est paru dans la section Business de l’édition imprimée sous le titre «Lab life»