JIL MARCHE pour les aliments emballés est concurrentiel, où les hausses de prix d’une entreprise risquent de pousser les acheteurs dans les bras de ses rivaux. Les entreprises du secteur font face à la flambée des coûts en se protégeant contre les pics des marchés des matières premières en utilisant des contrats à terme, en reformulant les produits afin qu’ils contiennent moins de denrées alimentaires les plus chères ou, à défaut, en réduisant subrepticement les emballages tout en gardant le même prix du billet.
Au milieu des goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement liés à la pandémie, des pénuries de main-d’œuvre et des mauvaises récoltes, les entreprises alimentaires ont fait tout cela à plusieurs reprises. Pour autant, ils ont dû augmenter les prix, souvent moins judicieusement que l’idéal (voir article précédent). L’invasion de l’Ukraine, connue comme le grenier de l’Europe grâce à la richesse de son sol, par la Russie, premier exportateur mondial de blé, leur force à nouveau la main. Ensemble, les deux pays représentent 29 % des ventes internationales de blé et près de 80 % des ventes d’huile de tournesol. Les perturbations de ces approvisionnements critiques font grimper les coûts des entreprises alimentaires, tout comme les coûts de l’énergie sont également exorbitants en raison de la guerre.
Il sera plus difficile pour les entreprises alimentaires européennes de répercuter les hausses de prix sur les consommateurs que pour les entreprises américaines. Les supermarchés en Europe sont plus concentrés qu’aux États-Unis et sont plus difficiles à négocier avec les fournisseurs. Walmart, le plus grand des États-Unis, contrôle 17 % du marché intérieur. Ses homologues britannique et allemand, Tesco et Edeka, détiennent respectivement près de 30 % des leurs. De plus, les Européens soucieux des prix achètent davantage chez des discounters comme Aldi ou Lidl. Ils sont également moins pointilleux que les Américains sur les produits de marque et achètent davantage les marques des détaillants.
Le 23 mars, General Mills, le fabricant américain de Cheerios et Wheaties, entre autres produits sucrés, a annoncé des marges saines et des ventes trimestrielles supérieures à celles de la même période en 2019, avant la pandémie (bien que stables par rapport à l’année dernière). L’entreprise a insisté sur le fait que la demande d’aliments emballés devrait rester forte toute l’année, car de nombreuses personnes continuent de travailler à domicile au moins une partie du temps. Le solide appétit pour ses produits lui permettra, selon l’entreprise, d’augmenter les prix pour compenser la hausse des coûts des matières premières.
C’est peut-être optimiste. La patience des acheteurs face à l’inflation s’épuise des deux côtés de l’Atlantique. Les investisseurs s’attendent à ce que les marges se resserrent. Les cours des actions des grandes entreprises alimentaires américaines, européennes et chinoises ont chuté après l’arrivée des chars russes sur les champs ukrainiens le 24 février (voir graphique). ■
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Cet article est paru dans la section Business de l’édition imprimée sous le titre “Food fight”