BEING UNE INDUSTRIE PÉTROLIÈRE patron est un exercice pour déplaire à tous les côtés. Le pompage des hydrocarbures hors du sol est lucratif, mais met en colère les écologistes, y compris ceux qui siègent dans les conseils d’administration et les gouvernements. Les énergies renouvelables et autres projets verts sont plus acceptables, mais ne parviennent souvent pas à séduire les investisseurs. TotalEnergies a montré cette semaine un moyen de combler le fossé.
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Le 5 septembre, la major pétrolière française a signé un accord avec le gouvernement irakien pour y investir 27 milliards de dollars sur 25 ans. L’argent ira à des projets allant du vertueux (une grande ferme solaire) au cracheur de carbone (l’extension d’un champ pétrolifère existant). Un projet captera le gaz naturel brûlé comme sous-produit de l’extraction pétrolière et l’utilisera pour produire moins d’électricité sale.
L’accord est une aubaine pour l’Irak. Elle a eu du mal à attirer les investisseurs vers son secteur de l’énergie. La corruption et l’instabilité politique ont poussé de nombreux concurrents de Total, tels que PA, Shell et ExxonMobil, de se retirer des projets irakiens ou d’envisager de le faire. La centrale solaire et le gaz récupéré réduiront la dépendance vis-à-vis des importations de gaz et d’électricité en provenance d’Iran, un vieil ennemi, qui a déjà coupé l’Irak en raison de factures impayées. Les coupures de courant régulières dans un pays imbibé de pétrole semblent gênantes pour les politiciens avant les élections du mois prochain.
Total, de son côté, a renforcé sa notoriété en teintant ses opérations de crachement de carbone d’une touche verte. Le changement de nom de TotalEnergies plus tôt cette année s’inscrit dans le cadre d’un éloignement de la substance noire et d’un engagement envers des émissions de carbone « zéro nettes » d’ici 2050. Le plan est soutenu par de nombreux engagements de dépenses plus respectueux du climat.
En cherchant des pâturages plus verts, l’entreprise a pataugé dans des endroits que d’autres évitent. Patrick Pouyanné, le patron pugnace de Total, a clairement indiqué que seuls les profits pétroliers à l’ancienne peuvent financer un virage vers les énergies propres. Il recherche avidement les hydrocarbures extractibles les moins chers du monde, souvent au Moyen-Orient et en Afrique. Alors que ses rivaux ont investi de l’argent dans le schiste américain, Total investit dans des pays qui se classent au bas des classements de la facilité de faire des affaires (pensez à la Libye et au Venezuela). Si les choses se passent bien, Total peut s’attendre à une rafale de récompenses – des bénéfices de 95 milliards de dollars pourraient lui être versés sur la durée du contrat irakien.
Souvent, ils ne le font pas. Les grands projets gaziers de Total au Mozambique et au Yémen ont été perturbés par la guerre et le terrorisme. Cet été, il a perdu 1,4 milliard de dollars en radiant certains actifs au Venezuela. En Irak aussi, Total a du pain sur la planche. Il devra couler peut-être 5 milliards de dollars avant de voir des retours. Il peut au moins s’attendre à de l’aide de la part des hauts responsables dans sa volonté de gérer le risque politique. L’accord a été signé à la suite de la visite du président Emmanuel Macron dans le pays fin août, sa deuxième en moins d’un an. ■
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Cet article est paru dans la section Affaires de l’édition imprimée sous le titre « Bagdad paye la saleté »