Il est temps pour Ottawa de supprimer les abus du manuel sportif

Il est temps pour Ottawa de supprimer les abus du manuel sportif



Lorsque la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a lu la lettre de 71 gymnastes de haut niveau actuels et anciens alléguant des abus et des mauvais traitements endémiques contre des athlètes à Gymnastique Canada, elle a répondu avec une indignation prévisible.

“Soyons clairs”, a déclaré St-Onge fin mars. “Il n’y a pas de place pour le harcèlement, les abus, la discrimination ou les mauvais traitements dans le sport.”

La déclaration a été bien accueillie, mais elle était aussi profondément troublante.

Même si nous aimerions croire le contraire, les abus et les mauvais traitements envers les athlètes sont bien ancrés dans les sports de haut niveau dans ce pays, et ce depuis longtemps. Malgré les mots forts du ministre, le gouvernement fédéral a été complètement inefficace face au problème.

Considérez les événements qui se sont déroulés en mars.

LA PRESSE CANADIENNE

La Canadienne Elsabeth Black (Ryan Remiorz / Dossiers de la Presse canadienne)

Tout a commencé lorsque plus de 60 athlètes actuels et anciens de bobsleigh et de skeleton ont demandé à Sarah Storey, présidente de Bobsleigh Canada Skeleton, de démissionner en raison d’allégations selon lesquelles l’organisation avait créé une culture d’intimidation et de peur qui a forcé de nombreux athlètes blessés à concourir.

St-Onge a réagi immédiatement, appelant à un audit financier de BCS qui pourrait affecter le futur financement fédéral.

Le 28 mars, alors que la promesse du ministre des Sports est toujours en suspens, les gymnastes, qui comprenaient 10 olympiens, ont publié leur lettre demandant une enquête indépendante sur la culture toxique de Gymnastique Canada.

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Le message a incité d’autres gymnastes à se manifester; à la fin de la semaine, il y avait plus de 270 actions exigeantes.

Cela a incité St-Onge à organiser une table ronde d’urgence avec les instances dirigeantes du sport et les représentants des athlètes qui comprenait un vœu d’accélérer la création d’un mécanisme indépendant de dépôt de plaintes. À la fin de cette table ronde, St-Onge a concédé que le sport de haut niveau était en « crise ».

La volonté du ministre de s’attaquer au problème de l’abus et de la maltraitance des athlètes est noble. Mais ses commentaires sonnent un peu creux quand on considère que ce n’est pas un problème nouveau.

Considérez les événements des cinq dernières années.


Ministre des Sports Pascale St-Onge (Dossiers Justin Tang / La Presse Canadienne)

CP

Ministre des Sports Pascale St-Onge (Dossiers Justin Tang / La Presse Canadienne)

Entre 2018 et 2020, quatre des meilleurs programmes sportifs universitaires du Canada – les programmes de hockey à Lethbridge et Windsor, l’aviron à Victoria et l’athlétisme à Guelph – ont été secoués par des allégations d’abus et de mauvais traitements. Au cours de la même période, des préoccupations ont été soulevées dans cinq organisations sportives nationales, dont Lutte Canada, Canada Alpin, Gymnastique Canada et Bobsleigh Canada Skeleton.

Wrestling Canada a produit un rapport détaillé en 2018 qui a révélé un «schéma» de violence physique, psychologique et verbale – avec des incidents d’entraîneurs frappant, saisissant et agressant verbalement des athlètes.

En 2019, le groupe national de défense AthlètesCAN a mené un sondage auprès de plus de 1 000 des meilleurs athlètes actuels et anciens. Il a révélé que les deux tiers des athlètes actuels et les trois quarts des anciens athlètes étaient victimes de négligence délibérée, 60 % souffraient de détresse émotionnelle et 20 % de sévices physiques. L’enquête a également révélé qu’environ 20% de tous les répondants avaient été victimes d’une forme d’abus ou de harcèlement sexuel.

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Il convient de noter que ce ne sont que les cas qui sont devenus publics. De nombreux athlètes qui se sont manifestés ont déclaré que les mauvais traitements qu’ils avaient subis duraient depuis des décennies, mais peu avaient le courage de se manifester – sachant que ce faisant, ils seraient probablement évités.

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est qu’il a fallu un autre déluge de révélations pour obtenir des engagements d’action renouvelés de la part d’un ministre fédéral. Il faut aussi le dire, à ce jour, aucune action n’a été réellement entreprise ; St-Onge ne fait que répéter des promesses déjà faites par ses prédécesseurs.


Des gymnastes, dont 10 olympiens, ont publié une lettre demandant une enquête indépendante sur la culture toxique de Gymnastique Canada.  (Nathan Denette / Dossiers de La Presse canadienne)

LA PRESSE CANADIENNE

Des gymnastes, dont 10 olympiens, ont publié une lettre demandant une enquête indépendante sur la culture toxique de Gymnastique Canada. (Nathan Denette / Dossiers de La Presse Canadienne)

En 2017, une commission parlementaire a publié un rapport alarmant sur la prévalence du harcèlement sexuel dans le sport. Le gouvernement libéral fédéral a répondu en promettant de créer le mécanisme indépendant de règlement des différends susmentionné, d’établir une ligne d’assistance pour soutenir les athlètes victimes d’abus ou de maltraitance et de créer le Code de conduite universel pour prévenir et traiter les mauvais traitements dans le sport.

Cinq ans plus tard, il est difficile d’identifier des résultats positifs de ce processus.

Le code de conduite est en place mais n’a clairement pas changé les comportements des entraîneurs abusifs. Le mécanisme indépendant de règlement des différends, qui devrait fournir aux athlètes un moyen sûr de porter plainte sans crainte de représailles, n’est pas encore opérationnel.

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Il convient de noter qu’il n’existe pas de moyens simples de lutter contre les abus et les mauvais traitements persistants dans le sport. Ottawa pourrait retirer le financement des instances dirigeantes, mais cela finirait par nuire aux athlètes. La nature de ces incidents est également problématique sur le plan juridique, opposant la parole des athlètes à celle des entraîneurs.

Et pourtant, presque tout le monde s’accorde à dire qu’il faut faire quelque chose.

St-Onge retient l’attention de la communauté sportive de haut niveau au pays. Elle serait bien avisée de ne pas perdre l’occasion d’apporter de réels changements afin que les abus et les mauvais traitements n’aient vraiment pas leur place dans le sport.

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Dan Lett

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