Un devoir de mémoire | Le Journal de Montréal

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Le rendez-vous a été donné à la gare Windsor, là où, le 12 mars 1955, la grande aventure de Claude Raymond vers le baseball majeur devait commencer.

Ce soir-là, il y a plus de 67 ans, le Québécois attendait le train au centre-ville de Montréal afin de se rendre en Géorgie, aux États-Unis, pour participer au camp des recrues des Braves de Milwaukee. L’athlète originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu n’avait pas encore atteint la majorité.

« Ça me touche de faire l’entrevue ici », a témoigné l’ancien lanceur, dont le récit biographique intitulé Français est publié cette semaine.

« On avait hâte d’y aller, mais le train ne partait pas parce qu’on attendait les joueurs du Canadien, raconte aussitôt Claude Raymond, qui replonge avec joie dans ses souvenirs de 1955. Il y avait eu du grabuge au Forum ce soir-là… C’est finalement Maurice Richard qui avait embarqué dans le train en premier pour nous serrer la main et nous souhaiter bonne chance. »

Pendant que le jeune Claude, accompagné de quelques autres joueurs québécois, allait se rendre au camp des Braves, l’histoire du Québec retiendra que le fameux numéro 9 du Tricolore allait jouer le lendemain contre les Bruins, à Boston. C’est là que le Rocket avait eu maille à partir avec Hal Laycoe, puis assommé un juge de lignes. Richard a été suspendu et ç’a été la fameuse émeute du Forum.

Si le livre Français raconte d’abord l’histoire de Claude Raymond, il revisite du même coup de nombreux événements à travers huit décennies. Ce bouquin est un devoir de mémoire livré en collaboration avec l’auteur Marc Robitaille. À lui seul, le parcours de Raymond est fascinant et méritait d’être documenté.

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« C’est comme ça que Marc m’a convaincu de le faire, il m’a dit que je devais laisser un héritage à mes enfants, à mes petits-enfants, mais aussi à l’ensemble des
Québécois », précise l’homme de baseball.

La phrase de son père

Encore droit comme un chêne à 85 ans, Raymond laisse poindre un brin d’émotion quand il est question de sa famille. C’est le cas au moment de parler de son défunt père Rolland.

Toujours en 1955, avant d’apposer son nom au bas du contrat proposé par l’organisation des Braves, il avait aussi reçu une autre offre des Pirates de Pittsburgh. Celle-ci pouvait lui permettre de jouer en territoire connu avec leur club-école, dans la Ligue provinciale, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

« C’est là que mon père m’a posé la question : “Tu veux jouer à Saint-Jean ou tu veux jouer au baseball ?” C’est une phrase qui m’a suivi toute ma vie. C’est de même que ç’a commencé… ».

FD-PORTRAIT-CLAUDE RAYMOND-MONTREAL

Thierry Laforce / Agence QMI

Un surnom pratique

En effet, c’est peu de temps après cette déclaration du paternel que Raymond s’était retrouvé à la gare Windsor pour se rendre jusqu’à Waycross. Durant ce fameux camp des recrues, le jeune de 17 ans a reçu le surnom de Français.

« Vu que je ne parlais pas beaucoup en anglais et qu’on avait de la misère à prononcer Claude Raymond en Géorgie, on m’avait surnommé Françaisraconte-t-il. Ç’a été pratique. Les autres joueurs et les entraîneurs se souvenaient de moi d’une saison à l’autre. C’était facile de retenir que j’étais Français. »

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Un ancien joueur des Maple Leafs de Toronto

À 85 ans, Claude Raymond a encore son cœur d’enfant. C’est ainsi qu’il aime bien raconter qu’il a déjà porté les couleurs des Maple Leafs de Toronto.

« Encore aujourd’hui, je dis ça parfois que j’ai déjà joué pour les Maple Leafs, lance-t-il, en riant de bon cœur. Et je m’amuse avec ça, je ne le dis pas toujours que c’était au baseball… »

Dans les faits, Raymond a donc joué brièvement dans la Ligue internationale de baseball, en 1962, avec une équipe nommée les Maple Leafs de Toronto, comme le fameux club de hockey.

C’est d’ailleurs avec cette organisation qu’il a évolué pour la dernière fois dans les mineures, obtenant ensuite une réelle chance dans le baseball majeur avec les Braves de Milwaukee.

Avec Tim Horton

Pendant son séjour à Toronto, il s’était d’ailleurs lié d’amitié avec quelques hockeyeurs, dont Tim Horton, le même qui a lancé la populaire chaîne de beignes et café.

« Un jour, avant d’affronter le Canadien, Tim m’avait dit : “On va les battre les Français”, raconte Raymond. Le plan des Leafs était de mettre cinq défenseurs sur la patinoire pour amorcer le match et brasser les joueurs du CH. Après cinq minutes, je pense que Montréal menait 3 à 0. Je l’ai rappelé la semaine suivante pour lui demander, en sachant très bien ce qui s’était passé, comment avait été la partie. »

Redonner aux jeunes

Au-delà des Maple Leafs, Raymond aura surtout joué 12 saisons dans le baseball majeur, ayant notamment été invité au match des étoiles en 1966.

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Il a porté les couleurs des White Sox de Chicago, des Braves [à Milwaukee et à Atlanta]des Astros de Houston puis finalement, de 1969 à 1971, celles des Expos.

Il a participé à un total de 449 matchs dans le baseball majeur avant de devenir commentateur sportif, puis entraîneur.

« C’est incroyable de penser à tout ça quand j’imagine le p’tit gars du boulevard Gouin à Saint-Edmond », dit l’ancien lanceur, en souriant.

S’il défile ses nombreuses anecdotes du passé, l’homme tient à parler du présent et du futur. Du Fonds Claude-Raymond, qui décerne de nombreuses bourses aux jeunes de la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, et de la Classique annuelle portant son nom, où convergent chaque été les meilleurs joueurs de baseball de 14 ans et moins du Québec.

« Si un jeune peut être inspiré en lisant mon histoire, j’aurai atteint l’objectif », conclut-il.

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