50 ans de cinéma: hommage à la carrière de Louise Portal

50 ans de cinéma: hommage à la carrière de Louise Portal

Louise Portal a versé quelques larmes en apprenant qu’elle recevra l’Iris Hommage au prochain Gala Québec Cinéma, demain soir. Cette reconnaissance du milieu du cinéma lui fait chaud au cœur, d’autant plus qu’elle survient à un moment de sa carrière où les rôles à l’écran se font plus rares. « C’est un vrai cadeau et je ne l’attendais pas », confie-t-elle en entrevue.

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« Je savais que c’était un honneur que je méritais parce que je suis consciente du parcours que j’ai eu et que, rendu à mon âge, on fait un bilan de vie, qu’on le veuille ou non. Mais ç’a été une grande surprise quand même. Je me sens choyée de pouvoir vivre cela. Et ça arrive à un bon moment. Merci la vie ! » s’exclame l’actrice de 72 ans.

Louise Portal nous accorde cet entretien depuis son chalet, situé sur le bord du lac de son enfance, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’actrice est retournée vivre dans sa région natale il y a quelques années aux abords d’un lac de Saint-David-de-Falardeau où elle se rendait avec sa famille il y a plus de 50 ans.

« C’est une place que je connais depuis l’âge de 8 ans », relate-t-elle en nous faisant visiter ce chalet rustique à travers la caméra de son ordinateur.

« Il y a quelques années, quand j’ai vu qu’un chalet était à vendre sur le bord de ce lac, j’ai senti que j’avais quelque chose à venir vivre ici, peut-être pour boucler une boucle. J’en ai parlé à Jacques [son conjoint] et il a accepté. Je suis une fille de nature. J’aime le territoire. »

Une actrice née

Louise Portal (Louise Lapointe, de son vrai nom) a grandi au Saguenay, entourée de trois sœurs, dont sa jumelle, Pauline Lapointe, décédée il y a 12 ans d’un cancer du sein. Déjà petites, les quatre sœurs s’amusaient à se déguiser pour interpréter toutes sortes de personnages. Attirée dès son jeune âge par le métier d’actrice, Louise Portal a quitté le nid familial à 18 ans pour aller étudier le théâtre à Montréal. Peu de temps après être sortie du Conservatoire d’art dramatique, en 1971, elle a décroché son premier grand rôle au cinéma, dans le film Taureaude Clément Perron. Le coup de foudre pour le 7e art a été instantané.

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« J’avais 22 ans et c’était un tout nouvel univers qui s’ouvrait à moi, se souvient-elle. Je me suis dit : wow, c’est ça le cinéma ? J’avais commencé en jouant dans des téléromans tournés dans le sous-sol à Radio-Canada et là, je me retrouvais en Beauce avec plein d’acteurs et d’actrices. J’ai tout de suite senti que j’étais dans mon élément ! »

Depuis la sortie de Taureauen 1973, Louise Portal a joué dans plus d’une soixantaine de films – 47 longs métrages et 17 courts métrages –, dont plusieurs œuvres marquantes de notre cinéma (Cordélia, Le déclin de l’empire américain, Il pleuvait des oiseauxetc.). Ajoutez à cela une trentaine de rôles au petit écran, une vingtaine de livres et une poignée d’albums comme chanteuse.

« Je commence pas mal à savoir qui je suis parce que toutes les incarnations que j’ai jouées à l’écran m’ont permis de toucher à toutes sortes d’aspects de ma sensibilité, mon intériorité, ma passion et ma sensualité, observe-t-elle. J’ai le sentiment d’avoir fait mon chemin. Ce qui reste à venir, parce que je sens que j’ai encore des élans, ça va être juste des cadeaux. »

Semi-retraite

Depuis quelques années, les rôles à l’écran se font de plus en plus rares pour Louise Portal. On l’a bien vue l’an passé dans la comédie Le guide de la famille parfaiteet elle sera, cet été, de la distribution du drame policier Aveuxde Luc Picard. Mais ces deux films ont été tournés avant la pandémie. Dans les faits, Louise Portal n’a pas foulé de plateau de tournage depuis près de trois ans.

« Quand on passe le cap des 65 ans, il y a moins de personnages disponibles même si, en ce qui me concerne, à 65-66 ans, j’ai eu de beaux rôles, notamment dans Les loups, Le garagiste et Paul à Québec », nuance-t-elle.

« On est une génération un peu invisible à l’écran, mais pourtant, on est encore tout là, et on est très vivants. On a plein de choses à dire et à apporter à la société. Mais je comprends que les cinéastes de 35 ou 40 ans aient envie de parler de leur réalité ou de leur jeunesse. C’est correct, j’ai fait un travail de détachement. Et je ne veux pas me plaindre parce que j’ai été tellement gâtée dans ma carrière ! »

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Si elle se dit aujourd’hui à la semi-retraite en tant qu’actrice, l’écrivaine en elle est plus active que jamais. Louise Portal publiera d’ailleurs son 21e livre l’automne prochain.

« L’écriture m’apporte beaucoup de satisfaction parce qu’il n’y a plus de personnage entre moi et le public, souligne-t-elle. Dans mes livres, c’est Louise qui rencontre son public. Et ça, je trouve que c’est extraordinaire. Même si je joue moins, je vais toujours continuer à écrire. C’est ça que je vais laisser en héritage. »

♦ Louise Portal recevra l’Iris Hommage au Gala Québec Cinéma, présenté dimanche à 20 h sur les ondes d’ICI Télé.

Cinq films marquants

LE DÉCLIN DE L’EMPIRE AMÉRICAIN (1986) ET LES INVASIONS BARBARES (2003)


50 ans de cinéma: hommage à la carrière de Louise Portal

« Ces deux films ont tellement été importants pour moi. C’était formidable de se retrouver toute la gang, à 17 ans d’intervalle, sur le bord du lac à Magog. Juste à y penser, je deviens émotive. Et quand je repense à la scène de la mort de Rémy dans Les invasions barbaresouf… Je me souviens quand Denys [Arcand] nous a invités pour visionner le film pour la première fois. Ça n’a pas de bon sens toute l’émotion qu’on a vécue. Denys est au top de ma liste comme réalisateur. »

Cordélia (1980)


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« C’est sûr qu’incarner un personnage qui a déjà existé, comme ç’a été le cas avec Cordélia Viau, c’était très vibrant. Pour la scène de la pendaison de Cordélia, je me souviens d’avoir dit à Jean Beaudin [le réalisateur] : je t’ai donné une prise et je ne t’en donnerai pas deux. Je sentais qu’il y avait du danger. Dans ce temps-là, on n’avait pas de vrais cascadeurs sur les plateaux. Ils m’ont finalement remplacée par quelqu’un pour les prises suivantes et la corde a cassé ! La personne est tombée sur des matelas, mais quand même… »

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LES LOUPS (2015)


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« Je garde tellement de beaux souvenirs de ce tournage, aux Îles-de-la-Madeleine. C’était un rôle fabuleux, peut-être un de mes plus beaux. Pour mes rôles les plus marquants en termes de vibration intérieure, je dirais qu’il y a eu Cordélia et il y a eu Maria dans Les loups. »

PAUL À QUÉBEC (2015)


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« J’ai eu la chance de travailler avec une famille de cinéma extraordinaire sur ce plateau de tournage là. Ç’a été de belles retrouvailles avec Gilbert [Sicotte]avec qui j’avais déjà joué, notamment dans Cordélia et Les loups. C’était aussi ma quatrième ou cinquième collaboration avec le réalisateur François Bouvier avec qui j’avais déjà travaillé sur Casino et Prozacentre autres. C’est un des autres réalisateurs avec qui j’aimerais beaucoup retravailler. »

MES MEILLEURS COPAINS (1989)


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« Le succès du Déclin de l’empire américain m’a ouvert quelques portes en France et m’a permis notamment d’obtenir un rôle fabuleux dans ce film de Jean-Marie Poiré. À 39 ans, je me suis retrouvée pendant trois mois sur un plateau de tournage en France avec des acteurs comme Gérard Lanvin, Christian Clavier et Jean-Pierre Bacri. Avec le temps, Mes meilleurs copains est devenu un film culte en France. Les gens se souviennent de mon personnage de Bernadette. J’ai déjà rencontré un jeune couple de Français qui étaient en voyage de noces dans les Chic-Chocs il y a une dizaine d’années. Quand je leur ai dit que j’avais joué dans Mes meilleurs copainsils ont capoté et ils se sont mis à me réciter plein de répliques du film. Ils ont pris des photos et ils ont envoyé ça à leurs amis en France. C’est assez rare d’avoir ce genre de projet dans une filmographie. »

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