Le chef de l’OMS désolé pour les abus sexuels commis par des travailleurs d’Ebola en RD Congo

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est excusé mardi pour ce qu’il a qualifié de “jour sombre” pour l’agence après un rapport accablant sur des allégations de viol et d’abus sexuels commis par des travailleurs envoyés pour lutter contre Ebola en République démocratique du Congo.

Le rapport a révélé des “défaillances structurelles évidentes” et des “négligences individuelles” parmi le personnel de l’agence des Nations Unies après que des dizaines de femmes ont déclaré aux enquêteurs qu’on leur avait proposé du travail en échange de relations sexuelles ou qu’elles avaient été victimes de viol.

“La première chose que je veux dire aux victimes… je suis désolé”, a déclaré Tedros lors d’une conférence de presse.

“C’est ma priorité absolue que les auteurs ne soient pas excusés mais tenus de rendre des comptes”, a-t-il déclaré, ajoutant : “C’est un jour sombre pour l’OMS”.

Des agents de santé ont afflué dans l’est de la RD Congo pour aider à lutter contre Ebola après que la maladie s’est déclarée dans la région en août 2018 Photo : – / John WESSELS

Le rapport était centré sur les accusations portées contre le personnel local et international déployé dans le pays pour lutter contre une épidémie d’Ebola de 2018 à 2020.

Déjà, deux cadres supérieurs ont été mis en congé administratif, a déclaré Tedros.

“Nous prenons des mesures pour garantir que les autres personnes susceptibles d’être impliquées soient temporairement relevées de tout rôle décisionnel concernant les allégations d’exploitation et d’abus sexuels”, a-t-il déclaré.

Le directeur de l’OMS pour l’Afrique, Matshidiso Moeti, a déclaré lors de la conférence de presse : « Nous, à l’OMS, sommes en effet humiliés, horrifiés et navrés par les conclusions de cette enquête.

Organisation mondiale de la santé
Les abus ont été commis par le personnel local et international de l’OMS dans le pays pour lutter contre l’épidémie d’Ebola de 2018-2020 Photo : – / Fabrice COFFRINI

Le rapport de 35 pages brosse un tableau sombre, notant “l’ampleur des incidents d’exploitation et d’abus sexuels dans la réponse à la 10e épidémie d’Ebola, qui ont tous contribué à la vulnérabilité accrue des “victimes présumées” qui n’ont pas reçu les informations nécessaires le soutien et l’assistance requis pour de telles expériences dégradantes.”

La commission spéciale a identifié 83 suspects, dont 21 employés par l’OMS.

Quatre ont vu leur contrat résilié et sont interdits d’emploi futur à l’OMS, “et nous informerons l’ensemble du système des Nations Unies”, a déclaré Tedros.

L’agence transmettra également les allégations de viol aux autorités congolaises et à celles des autres États concernés, a-t-il ajouté.

Le rapport, qui, selon Tedros, « rend la lecture déchirante », cite « une négligence individuelle pouvant constituer une faute professionnelle ».

Il a également déclaré avoir constaté “des défaillances structurelles évidentes et un manque de préparation pour gérer les risques d’incidents d’exploitation et d’abus sexuels” dans ce pays pauvre d’Afrique centrale.

À la suite de reportages dans les médias en mai selon lesquels la direction de l’OMS était au courant de cas présumés en RD Congo et n’avait pas agi, 53 pays avaient conjointement exigé que l’OMS fasse preuve d’un « leadership fort et exemplaire » sur la prévention des abus sexuels.

Les allégations n’auraient pas été révélées sans une enquête d’un an révélée en septembre dernier par la Fondation Thomson Reuters et The New Humanitarian, documentant les allégations d’exploitation et d’abus de femmes par le personnel international pendant la crise Ebola de 2018-2020.

Leur enquête a révélé que 51 femmes avaient accusé des travailleurs humanitaires d’Ebola – principalement de l’OMS mais aussi d’autres agences des Nations Unies et d’ONG de premier plan – d’exploitation sexuelle, notamment en leur proposant, en les forçant à avoir des relations sexuelles en échange d’un emploi ou en résiliant des contrats lorsque ils ont refusé.

Avec plus de 2 200 décès enregistrés, l’épidémie a été la pire à frapper la RD Congo depuis que la maladie a été identifiée pour la première fois en 1976.

“L’organisation, axée principalement sur l’éradication de l’épidémie d’Ebola, n’était absolument pas préparée à faire face aux risques/incidents d’exploitation et d’abus sexuels”, indique le rapport de mardi.

Il a ajouté que la direction de l’OMS était au courant des allégations d’abus sexuels six semaines plus tôt qu’elle ne l’avait initialement affirmé.

Citant un e-mail adressé au responsable de l’éthique de l’OMS, il a déclaré que “le message était suffisamment explicite et était en fait le premier rapport d’incidents d’exploitation et d’abus sexuels impliquant le personnel de l’OMS lors de la réponse à la 10e épidémie d’Ebola”.

L’OMS “était déjà au courant de ces incidents début mai 2019 et non à la mi-juin 2019”, a-t-elle précisé.

Interrogé sur son intention de démissionner, Tedros, 56 ans, et qui briguera un second mandat à la tête de la puissante agence onusienne basée à Genève, a reconnu s’être rendu 14 fois dans le pays sans que personne ne soulève la question.

« J’aurais probablement dû poser des questions, dit-il.

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