3 pilotes québécois récompensés | Le Journal de Montréal

3 pilotes québécois récompensés | Le Journal de Montréal

S’ils ont plusieurs points en commun, dont celui d’avoir marqué l’histoire du sport automobile au pays, on retiendra aussi de ces trois pilotes adulés qu’ils auront été des exemples de générosité auprès du public et des journalistes.

Patrick Carpentier, Louis-Philippe Dumoulin et Bertrand Godin seront intronisés ce soir au Panthéon du sport automobile canadien à l’occasion d’une cérémonie qui aura lieu ce soir à Toronto.

Dans les trois cas, cet honneur est pleinement mérité même si Carpentier a dû patienter de longues années avant d’obtenir cette récompense. Des pilotes au palmarès certes moins étoffé, et surtout plus jeunes, ont en effet été admis avant lui.

Payer pour être intronisé

La raison de son intronisation tardive est surprenante, voire plutôt… révoltante.

« Sous une ancienne administration, les personnes sélectionnées devaient payer pour être intronisées, a-t-il expliqué, en entrevue au Journal. Moi, je ne voulais pas. Heureusement, les nouveaux dirigeants ne pensent plus de la même façon.

« C’est certain que je suis très honoré de rejoindre d’autres pilotes chevronnés », a-t-il enchaîné.

Né sous une bonne étoile

Carpentier reconnaît avoir eu la chance d’entreprendre son parcours en course automobile au bon moment. À une époque où des entreprises investissaient des sommes énormes pour promouvoir le talent canadien.

« Je dois évidemment une fière chandelle à Player’s qui m’a permis de rouler dans les Séries CART et Champ Car [ancêtres de l’IndyCar] à un très haut niveau. Des organisations comme Lynx Racing, en Formule Atlantique, et Tony Bettenhausen m’ont aussi donné un sérieux coup de main.

« Sans leur appui, je ne serais pas là à répondre à vos questions », affirme celui qui a célébré ses 50 ans en août dernier.

Après le patinage de vitesse

Carpentier était voué à une carrière en patinage de vitesse, mais il s’est réorienté vers la course automobile.

« Le patinage de vitesse était beaucoup trop exigeant pour moi, relate-t-il. L’entraînement durait 12 mois par année. À un moment donné, je n’étais plus capable. Nous habitions à L’Assomption et il fallait se déplacer au moins trois fois par semaine au Stade olympique. Mes étés étaient consacrés à cette discipline.

« Les exploits de Gilles [Villeneuve] m’ont influencé. Mon père le regardait et il m’a offert un go-kart. J’ai eu immédiatement la piqûre. Et ça n’a pas arrêté par la suite. »

Après une saison dominante en Formule Atlantique, où il a remporté neuf des 12 étapes de la saison 1996, un volant lui a été proposé en Série CART.

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Sa fiche montre cinq victoires en 157 départs dans la série de monoplaces la plus relevée en Amérique du Nord. Il est monté sur le podium en 24 occasions.

« Pour moi, l’événement le plus mémorable de ma carrière a été ma victoire sur l’ovale du Michigan en 2001, raconte-t-il. Elle a été tellement longue à obtenir et je sentais cette pression de performer à un moment où j’étais sur le point de négocier un nouveau contrat. »

En ce 22 juillet 2001, Carpentier avait triomphé devant l’Écossais Dario Franchitti, triple champion des 500 Milles d’Indianapolis, non sans s’être élancé du 21e rang sur la grille de départ.

Un an plus tard, il signait sa troisième victoire à la piste de Mid-Ohio et a honoré sa promesse de se balader nu (ou presque) sur la piste. Il avait alors porté le drapeau à damier du gagnant à sa taille !

« Je me suis trouvé tellement laid », se souvient-il.


En 2002, Patrick Carpentier a célébré sa victoire au circuit de Mid-Ohio, vêtu d’un simple drapeau à damier.

Photo d’archives

En 2002, Patrick Carpentier a célébré sa victoire au circuit de Mid-Ohio, vêtu d’un simple drapeau à damier.

Absent de la cérémonie

Carpentier a deux bonnes raisons pour justifier son absence à la cérémonie de ce soir. D’abord, il est retenu à Montréal pour assumer son rôle d’analyste au réseau RDS.

« C’est notre plus gros week-end de l’année avec le Grand Prix de Monaco et l’épreuve de 600 milles à Charlotte en NASCAR en fin de journée dimanche », souligne-t-il.

L’état de santé de sa fille Anaïs, âgée de 21 ans, est aussi une source de préoccupation pour la famille.

« Elle a été très malade récemment et elle revient d’un séjour d’une semaine à l’hôpital, déclare-t-il. Elle connaît des épisodes de pancréatite aiguë depuis sa tendre enfance.

« Je ne voyage plus en avion et j’évite les longs voyages pour ne pas m’éloigner d’elle », conclut-il.

« J’ai cru à une blague… »

Louis-Philippe Dumoulin flatté par cette distinction


En 2022, Louis-Philippe Dumoulin tentera d’ajouter une quatrième bague de champion à sa riche collection.

Photo courtoisie, Dumoulin Compétition

En 2022, Louis-Philippe Dumoulin tentera d’ajouter une quatrième bague de champion à sa riche collection.

Au mois d’octobre 2020, Louis-Philippe Dumoulin a reçu un appel qui indiquait le code régional 416 sur son afficheur.

« À l’autre bout du fil, une personne s’est adressée dans un français plutôt approximatif. Je n’avais pas compris son nom, avant que notre conversation ne se dirige vers l’anglais, a raconté le pilote originaire de la Mauricie, en entrevue avec Le Journal.

« C’était pour me dire que mon nom avait été retenu pour être intronisé au Panthéon du sport automobile canadien. Sur le coup, j’ai cru à une blague d’un de mes amis en Ontario. Mais non, c’était vrai.

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« Ça m’a surpris, a-t-il renchéri, mais j’ai été très flatté à la fois. »

La cérémonie devait avoir lieu en février 2021, mais elle a été reportée en raison de la pandémie. Ce soir, ils seront 31 nouveaux intronisés à former les cohortes de 2020 et 2021.

Du nombre, le confrère Philippe Brasseur, qui dirige le magazine québécois Position de tête de main de maître, sera aussi récompensé dans la catégorie des médias.

Contrairement aux deux autres pilotes québécois – Patrick Carpentier et Bertrand Godin –, qui seront également honorés ce soir lors d’une cérémonie tenue à Toronto, Dumoulin, lui, s’adonne toujours à son métier de pilote de course. Et à temps plein par surcroît.

Le petit gars de Saint-Maurice

« Quand tu reçois un tel honneur, tu n’as d’autres choix que de plonger dans tes souvenirs, dit-il, même si ma carrière n’est pas terminée et que j’ai de bonnes années devant moi.

« Ça te fait réaliser tout ce chemin parcouru, de poursuivre le pilote de 43 ans. Je pense à ce petit gars de Saint-Maurice issu d’une famille modeste qui demeurait dans une maison dont le sous-sol était en terre battue. Je dois beaucoup à mes parents qui, sans pouvoir dépenser beaucoup d’argent, ont mis des heures et de la passion pour nous aider, mon frère Jean-François et moi.

« Je leur dois beaucoup, comme à tous nos partenaires d’affaires qui nous ont appuyés au fil des ans et qui le font encore aujourd’hui. »

Contrairement à plusieurs pilotes un peu plus vieux que lui, Dumoulin n’a pas pu compter sur la contribution financière du cigarettier Player’s.

« La loi antitabac a forcé le retrait de cette compagnie et la fin de sa commandite dans le sport automobile, d’affirmer Dumoulin. Si Player’s était restée, j’aurais probablement été l’un des suivants à adhérer à cette filière. »

Une croix sur la monoplace

Après un parcours prometteur en Formule Ford où il a été sacré champion en 2002, il a dû faire une croix, faute d’un budget suffisant, sur une carrière en monoplace et possiblement en Série IndyCar.

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Mais, ce n’était que pour revenir plus fort dans une discipline qui lui était inconnue, le stock-car.

En 2022, Dumoulin tentera de devenir seulement le deuxième pilote de l’histoire de la série canadienne NASCAR Pinty’s (après l’Ontarien Scott Steckly) à remporter quatre titres, lui qui a soulevé le trophée de champion en 2014, 2018 et 2021.

« C’est notre objectif de gagner une quatrième fois, même si notre début de saison n’est pas parfait, conclut-il. On n’a pas l’habitude de lâcher et, croyez-moi, je n’ai pas dit mon dernier mot. »

Bertrand Godin et cette passion contagieuse


patrick charpentier

Bertrand Godin n’a pas raté cette occasion qui lui a été offerte de courir en Formule Ford il y a quelques années.

Pour preuve, il a remporté une course à l’occasion du Grand Prix de Trois-Rivières en 2019 en battant non seulement des jeunes loups de la spécialité, mais aussi des vétérans pour qui la course automobile n’a plus de secret.

« Si on me donne une autre occasion de m’exprimer sur un circuit, je vais répondre présent, a-t-il affirmé en entrevue au Journal. Je suis admis au Panthéon du sport automobile canadien, mais je ne suis pas encore un retraité. Cette passion pour la course est contagieuse. »

Godin, âgé de 54 ans, fait partie des quelque 31 personnalités qui seront intronisées lors d’une cérémonie qui se déroulera ce soir à Toronto.

Les valeurs humaines

S’il a pu compter sur l’appui apprécié de Player’s pendant sa carrière, il tient aussi à remercier tous ces gens qui ont cru en lui.

« Je pense à ceux qui n’ont pas hésité à fouiller dans leurs poches pour me supporter financièrement. Ce sont les valeurs humaines qui m’ont permis de faire de la course. »

Une victoire mémorable

Cette reconnaissance lui fait réaliser combien il a été chanceux dans la vie. Dans ses souvenirs les plus mémorables, sa victoire en Formule Atlantique en 1997 restera à jamais gravée dans sa mémoire.

« Ç’a été magique de gagner dans le cadre du week-end du Grand Prix du Canada, là où Gilles Villeneuve a remporté son premier Grand Prix en Formule 1. »

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