Comment l’alter ego de Kent Monkman défie l’histoire coloniale

Comment l’alter ego de Kent Monkman défie l’histoire coloniale

À travers l’objectif de son alter ego glamour Miss Chief Eagle Testickle, l’artiste Kent Monkman modifie le record historique.

L’artiste cri Kent Monkman a un alter ego saisissant : Miss Chief Eagle Testickle, un agent d’imagination qui voyage dans le temps, qui change de forme et qui est fluide et qui apparaît dans plusieurs de ses œuvres. Avec ses cheveux noirs flottants, ses tenues glamour et ses talons Louboutin à semelle rouge, elle se démarque dans l’œuvre de Monkman aux côtés de sa représentation des colons et des colons. Le contraste est intentionnellement déstabilisant, à la fois drôle et mortellement sérieux : dans son tableau « The Daddies » de 2016, elle est effrontément assise nue sur une couverture de la Baie d’Hudson, tenant sa cour parmi les pères de la Confédération, perturbant le récit colonial de la découverte nord-américaine. En 2019, le musée Met de New York a commandé deux œuvres monumentales mettant en scène Miss Chief. C’était son moment d’évasion – et celui de Monkman – sur la scène mondiale.

Miss Chief est la vedette de Being Legendary, la nouvelle exposition ambitieuse de Monkman au Musée royal de l’Ontario à Toronto. Le spectacle présente 35 pièces originales mettant en vedette les voyages terrestres de Miss Chief depuis le début des temps jusqu’à maintenant. « J’ai pensé à elle comme à un être légendaire qui s’inscrit dans la cosmologie crie, mais son but spécifique est d’être notre témoin », dit Monkman.

Monkman est originaire de la nation crie de Fisher River sur le territoire du Traité 5 au Manitoba et crée des œuvres d’art depuis les années 1990. Ses pièces richement colorées placent des individus autochtones dans des contextes où ils ont historiquement été effacés. L’exposition est subversive, campy et totalement ironique. Miss Chief est l’arbitre de cette joie, et Being Legendary est, en un sens, son histoire, racontée à travers un texte narratif sur les murs de la galerie. Cela commence par sa création, dans un riff céleste sur “La création du soleil, de la lune et des planètes” de Michel-Ange. D’autres peintures présentent des personnages autochtones réels, comme l’astronome cri Wilfred Buck et l’aînée Pauline Shirt, cette dernière descendante de l’un des hommes tués lors des pendaisons de Battleford en 1885, où huit hommes autochtones ont été exécutés.

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Être légendaire célèbre la profondeur et l’étendue des connaissances autochtones, réaffirmant la présence autochtone et remettant en question les récits coloniaux de l’histoire. « Je voulais que les Canadiens réfléchissent à la durée de notre séjour ici et à l’étendue de nos connaissances », dit Monkman. Il est encourageant de voir ces figures et ces idées immortalisées dans l’art. Le dernier portrait, de Buck, avec des constellations peintes au-dessus de lui, boucle la boucle de l’histoire. L’exposition commence là où elle se termine : scintiller dans les étoiles.

« Étude de composition pour nos histoires venues de la terre » : ce tableau, mis en scène avant la rafle des années 60 et d’autres assimilations forcées, montre des femmes autochtones riant et partageant de la musique et des récoltes autour d’un feu, avec la silhouette de Miss Chief en fumée. Certaines figures sont en tenue de pow-wow colorée, alors qu’un bébé rampe sur le sol. C’est un moment de bonheur et de communauté, inconscient de la terreur à venir.

« Étude pour Je Viens de pâkwan kîsik, le Trou dans le Ciel » : Dans cette peinture cosmique, un trou dans le ciel relie le monde terrestre à une dimension céleste derrière les Pléiades. Une narration audio du point de vue de Miss Chief explique que les astronomes peuvent trouver le trou dans le ciel d’hiver en suivant la constellation du frère aîné de Miss Chief, le premier être sacré.

« Constellation du savoir » : La science crie est enracinée dans l’ahcâhk, ou l’esprit, qui provient des rêves, des voyages, de l’observation, de la narration, de la réflexion, des cérémonies et de la création artistique. Cette peinture suggère que les connaissances et les sciences autochtones ont toujours été liées à la terre.


Cette histoire paraît dans le numéro de novembre de Maclean’s.

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