Les États-Unis sanctionnent tout le monde sauf Poutine

Le président Poutine lors d’une réunion du Conseil présidentiel russe pour le développement de la société civile et des droits de l’homme à l’extérieur de Moscou, le 9 décembre.


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SPUTNIK/via REUTERS

Les sanctions économiques ne fonctionnent pas, dit le truisme, mais les sanctions sont bonnes à ce qu’elles sont censées faire, imposant un coût pour un comportement indésirable. Un Vladimir Poutine n’agirait pas comme il le fait s’il n’était pas prêt à en payer le prix, mais les États-Unis et leurs alliés feraient mieux de le lui faire payer.

La question est, devrions-nous demander plus de sanctions. Victoria Nuland, un haut responsable du département d’État, a déclaré dans une interview télévisée cette semaine : « Nous n’avons pas hésité dans le passé à propos de nos sanctions à l’égard des personnes proches du président Poutine et des choses qui comptent pour lui. »

Cette menace existe depuis longtemps, mais les États-Unis ont en fait été assez timides pour des actions qui pourraient déstabiliser le régime de M. Poutine. Washington a limité mais pas fermé les opportunités pour ses associés de sécuriser leur richesse dans les banques occidentales et l’immobilier. Les États-Unis ont bricolé sur les bords de l’imposition de sanctions sur les exportations d’énergie de la Russie avec une opposition intermittente au gazoduc Nord Stream 2. Il n’a pas cherché à imposer un embargo sur les ventes de pétrole de la Russie avec des moyens non militaires, en rendant difficile pour les acheteurs et les vendeurs de négocier en dollars.

Surtout, il est resté silencieux sur une foule de questions, dont certaines sont richement détaillées dans le domaine public, sur lesquelles nos agences de renseignement devraient être en mesure d’ajouter des informations importantes. Ces questions, si elles étaient diffusées officiellement, rendraient difficile pour les autres dirigeants de faire des affaires avec M. Poutine, réduisant ainsi son utilité pour ses amis.

D’une pertinence directe aujourd’hui, les raisons sont nombreuses pour croire que l’abattage d’un avion de ligne malais au-dessus de l’Ukraine en 2014 était un acte délibéré. Les accidents sont des fonctions de risque multipliées par le temps, mais la batterie de missiles Buk n’est pas restée dans l’est de l’Ukraine pendant des semaines ou des mois. Il a traversé la frontière depuis la Russie, a été licencié et refoulé immédiatement. M. Poutine a utilisé l’incident pour orchestrer des pressions sur l’Ukraine afin de réduire une offensive qui mettait en déroute les séparatistes soutenus par la Russie. Des interceptions téléphoniques montrent l’aide de Poutine, Vladislav Surkov, indiquant qu’une telle aide était en route. Un modèle d’un tel « accident » était commodément à portée de main, la destruction d’un avion de ligne russe par un missile errant en 2001. Le but aurait été identique à celui de M. Poutine aujourd’hui : déstabiliser l’Ukraine avant qu’elle ne déstabilise sa propre position.

Idem pour l’empoisonnement à la dioxine du candidat ukrainien pro-occidental à la présidentielle de 2004, sans parler des outrages plus largement médiatisés que nous connaissons en détail par tout le monde, à l’exception de nos agences de renseignement. N’investissez pas excessivement dans le discours de M. Poutine sur les anciens impératifs géographiques et militaires de la Russie et sur « l’unité historique » des peuples russe et ukrainien. Le problème dans son esprit est la survie du régime à court terme. Si l’Ukraine apparaît comme un pays prospère, démocratique et occidentalisé à sa porte, un refuge pour des milliers de Russes ambitieux fuyant la kleptocratie de Poutine, il peut commencer à compter ses jours. M. Poutine risque d’être réélu en 2024. Chaque occasion est un coup de dés sur les manifestations de masse, la volonté de ses forces armées de tirer sur des civils, la loyauté de ses « amis ».

Le silence des agences de renseignement occidentales sur le fonctionnement interne de tant d’attentats au Kremlin, et l’étendue de la culpabilité directe de M. Poutine, n’est pas seulement notable pour M. Poutine. L’autre facteur qui a permis son ascension était le besoin d’immunité de la famille Eltsine et de ses serviteurs après avoir rendu le pouvoir. Mais qui est disponible pour être le Poutine de M. Poutine ? Personne. Sa seule police d’assurance est celle qu’il souscrit lui-même, en conservant le pouvoir jusqu’à son dernier souffle. Absent est tout pouvoir intérieur ou extérieur qui peut lui garantir une retraite en toute sécurité, comme l’Arabie saoudite l’a fait autrefois généreusement pour Idi Amin.

Les élus occidentaux ne cherchent pas des dilemmes insolubles sur lesquels s’empaler. D’où tous ces sommets qui scrutent « l’âme » de M. Poutine et poursuivent des « réinitialisations ». Mais les sponsors occidentaux ne peuvent pas non plus résoudre son problème fondamental à sa place. Le chaos de l’ère Eltsine et une flambée des prix du pétrole étaient les premiers cadeaux aux 20 ans de règne de M. Poutine, mais ils ont depuis longtemps été gaspillés. Renouveler les progrès socio-économiques de la Russie, comme le Kremlin lui-même l’a presque reconnu, nécessite des mesures incompatibles avec les intérêts politiques de son dirigeant, telles que l’autorisation de l’état de droit et la suppression de son pouvoir mafieux.

Un sous-texte de l’appel de M. Poutine à l’Occident a été : Si ce n’est moi, quelqu’un de pire. Mais avec chaque année qui passe, les dilemmes de M. Poutine le transforment en quelqu’un de pire.

Joe Biden est arrivé au pouvoir en promettant qu’il prendrait une position ferme avec Vladimir Poutine, mais ses décisions de politique étrangère à ce jour n’ont pas dissuadé la Russie d’amasser des milliers de soldats prêts à envahir l’Ukraine. Images : Getty Images/Maxar Composite : Mark Kelly

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Apparu dans l’édition imprimée du 11 décembre 2021 sous le titre “Les États-Unis imposent des sanctions à tout le monde sauf à Poutine”.

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