Les enfants et les adolescents vivant dans des foyers souffrant d’insécurité alimentaire en Ontario, au Canada, sont plus susceptibles d’accéder au système de soins de santé mentale. Le résultat provient d’une étude portant sur 32 321 enfants et adolescents, dont 5 216 (16,1 %) vivaient dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire.
“Il y a des indications que plus l’insécurité alimentaire dans le ménage est grave, plus les enfants et les adolescents sont susceptibles de se présenter dans le système de santé”, a déclaré Valerie Tarasuk, PhD, l’une des auteures de l’étude et professeure émérite au Département de nutrition. Sciences à l’Université de Toronto. “[The data] disent beaucoup que les enfants dans ces milieux sont vulnérables d’une manière qui est différente de la vulnérabilité que nous voyons dans la population générale. »
L’étude a révélé que, par rapport aux enfants et aux adolescents qui ne vivaient pas dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire, ceux qui en vivaient avaient une prévalence 55 % plus élevée de contacts ambulatoires avec un médecin (IC à 95 %, 41 % – 70 %), et un 74 % (IC à 95 %, 24 % – 145 %) prévalence plus élevée de contacts en soins de courte durée pour un trouble mental ou lié à l’utilisation de substances.
L’étude a été publié en ligne le 24 juillet dans le Journal de l’Association médicale canadienne.
Identifier l’insécurité alimentaire
Les enquêteurs ont accédé aux données de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES), un institut de recherche indépendant qui collecte et analyse des informations sur les soins de santé et démographiques pour l’évaluation et l’amélioration du système de santé.
À l’aide de ces données, l’équipe a pu relier les dossiers des mères de l’Ontario qui ont répondu à l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui comprend des mesures de l’insécurité alimentaire, à leurs enfants.
Ils ont ensuite analysé les dossiers médicaux d’enfants et d’adolescents âgés de 1 à 17 ans, en comparant ceux qui vivaient dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire à ceux qui n’en vivaient pas.
Enfin, ils ont ajusté des facteurs tels que le faible revenu du ménage, le ménage monoparental, le nombre d’enfants dans le ménage et l’utilisation des services de santé maternelle au cours de l’année précédente pour des troubles mentaux ou liés à l’utilisation de substances.
Une étude menée en Ontario a révélé que, comparativement aux enfants et aux adolescents qui ne vivaient pas dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire, ceux qui vivaient avaient une prévalence 55 % plus élevée de contacts ambulatoires avec un médecin.
Utilisation des services de soins de santé mentale
Les enquêteurs de l’étude ont classé les ménages en sécurité alimentaire, en insécurité alimentaire marginale, en insécurité alimentaire modérée ou en insécurité alimentaire grave.
Ils ont constaté qu’avec une plus grande insécurité alimentaire, il y avait une plus grande probabilité de contact avec le système de santé pour des raisons de santé mentale. En effet, ils ont observé un effet gradient, caractérisé par une augmentation de la prévalence des contacts avec le système de santé à mesure que la sévérité de l’insécurité alimentaire augmentait (test du taux de prévalence tendanciel, 1,25 ; IC 95 %, 1,21 – 1,31).
Les chercheurs ont également constaté que les consultations externes ou de soins aigus les plus courantes concernaient les troubles neurodéveloppementaux (prévalence de 4,1 % à 9,5 %), suivis des troubles de l’humeur ou troubles anxieux (prévalence 3,2 % – 5,0 %), problèmes sociaux (prévalence 1,1 % – 1,4 %) et autres troubles mentaux (prévalence 1,2 % – 2,0 %).
Les troubles psychotiques, les troubles liés à l’utilisation de substances et l’automutilation délibérée n’étaient pas des raisons courantes de contact avec le système de santé.
Parce que l’étude est transversale, la causalité ne peut être affirmée, a noté Tarasuk.
La date limite pour cette analyse était 2014, a-t-elle ajouté, de sorte que les résultats ne reflètent pas le coût de la vie et les prix alimentaires actuels après la pandémie.
Les auteurs ont noté qu’une lacune de leur analyse est qu’elle n’inclut pas certaines populations. Ils ont écrit : « Nos résultats se limitent à l’Ontario et ne sont pas nécessairement généralisables aux groupes des Premières nations et aux personnes vivant dans des régions éloignées, où l’insécurité alimentaire est particulièrement répandue.
Le coût des soins de santé
Ian Colman, Ph.D., ancien titulaire de la Chaire de recherche du Canada en épidémiologie de la santé mentale et professeur à l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa, a décrit les résultats comme révélateurs de l’éventail des effets de l’insécurité alimentaire.

Dr Ian Colman
“Cela poursuit une tendance d’études qui ont montré des choses similaires: que l’insécurité alimentaire est une chose incroyablement pénible à gérer qui a de très gros impacts sur la vie des gens”, a déclaré Colman, qui n’a pas participé à l’enquête.
“Cette recherche est si importante parce qu’elle montre en fait le coût [of food insecurity]. Les enfants et les adolescents qui vont voir leur médecin généraliste, se rendent aux urgences et sont admis à l’hôpital… ces choses coûtent très cher. »
Colman a souligné qu’il s’attendrait à voir des associations très fortes entre l’insécurité alimentaire et l’accès aux soins de santé mentale dans les communautés des Premières Nations, qui n’ont pas été incluses dans cette étude.
Le véritable effet de l’insécurité alimentaire sur la santé mentale a probablement été sous-estimé, a-t-il ajouté, étant donné que les enfants de familles à faible revenu sont généralement confrontés à plus d’obstacles aux soins.
Tarasuk et Colman ne signalent aucune relation financière pertinente.
CMJ. Publié en ligne le 24 juillet, 2023. Texte intégral
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