Préserver sa santé rénale | Le Journal de Montréal

Si on parle abondamment de diabète, des maladies cardiovasculaires et de cancer, l’insuffisance rénale est trop peu abordée. Pourtant 10 % des Canadiens souffrent d’atteintes rénales et la prévalence est en hausse importante depuis dix ans. L’alimentation joue un rôle clé pour préserver les fonctions rénales. On fait le point avec la nutritionniste Roxanne Papineau, spécialisée en néphrologie, qui vient de lancer un livre sur le sujet !

Roxanne, quels sont les facteurs qui affectent la santé rénale ?

Le diabète et l’hypertension sont des facteurs de risque importants qui expliquent la moitié des cas d’insuffisance rénale. L’obésité et le surpoids augmentent aussi considérablement les risques, et ce, même s’ils ne sont pas accompagnés de diabète et d’hypertension. La prise de certains médicaments toxiques pour les reins peut aussi être en cause. On voit de plus en plus de jeunes adultes souffrir d’insuffisance rénale, c’est très inquiétant.

Comment dépiste-t-on une atteinte du fonctionnement des reins ?

Les premiers stades de la maladie passent souvent inaperçus, car les symptômes physiques ne sont pas présents. Une prise de sang permet par contre d’évaluer la créatinine (qui estime le taux de filtration des reins) et une analyse d’urine permet d’évaluer si des protéines s’y trouvent (protéinurie) qui témoignent aussi d’une atteinte rénale. Il est important de poser un diagnostic précoce pour agir rapidement avant que les stades 3 et 4 soient atteints.

Quels sont les conseils alimentaires pour préserver sa santé rénale ?

D’abord, atteindre et maintenir un poids santé. Ensuite, mes conseils reposent essentiellement sur deux axes : 1) Diminuer sa consommation d’aliments transformés et 2) Diminuer sa consommation de protéines animales. En mangeant moins d’aliments transformés, on diminue automatiquement sa consommation de sodium et d’additifs. Il faut surveiller les additifs alimentaires, en particulier ceux à base de phosphore qui peuvent être néfastes pour la santé rénale.

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Les régimes tendance mettent de l’avant les protéines au détriment des glucides notamment, est-ce problématique pour la santé rénale ?

Absolument, c’est inquiétant. À moins d’être très sportif ou d’avoir une condition de santé qui l’exige on ne devrait pas chercher à consommer plus de 1 g de protéines par kilogramme de poids, les besoins moyens étant de 0,8 g par kg. Plusieurs approches alimentaires en recommandent plus alors que nous sommes loin d’avoir une carence en protéines chez les Québécois. Les gens consomment en moyenne plus de 1,2 g par kg. Les protéines végétales sont préférables aux protéines animales, car elles sont moins riches en acides aminés soufrés lesquels ont une charge acide plus élevée. Les protéines végétales sont aussi plus riches en fibres et magnésium, en plus de contenir moins de phosphore absorbable que les protéines animales, ce qui est favorable à la santé des reins. Les protéines végétales aident également au contrôle de la tension artérielle et de la glycémie. À long terme, un régime riche en protéines animales cause une hyperfiltration glomérulaire qui peut épuiser les reins, ce qui augmente le risque de développer une insuffisance rénale. On recommande aussi de mieux répartir les protéines dans la journée et de ne pas les concentrer au repas du soir par exemple.

Le sel, le pire ennemi de la santé des reins ?


Modèle de reins humains et variété d'aliments frais et sains

On conseille de ne pas dépasser 500-600 mg de sodium lors des repas, les besoins quotidiens étant d’environ 1500 mg par jour et l’apport maximal tolérable 2300 mg par jour. En diminuant sa consommation d’aliments transformés et en cuisinant davantage, on répond plus facilement à cette recommandation. Pour ce faire, on tente d’opter pour des aliments affichant l’allégation faible en sodium (soit 140 mg de sodium par portion de consommation).

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Doit-on limiter la quantité de liquide consommé pour préserver sa fonction rénale ?

Pas du tout, on peut facilement boire 2-3 litres d’eau par jour. Seulement aux stades avancés de la maladie, quand l’œdème est présent, que la restriction en liquide s’impose.

Quels sont les facteurs de risque des pierres aux reins ?

Les lithiases rénales touchent 5 à 10 % de la population et les récidives sont fréquentes. Un apport en liquide insuffisant (un volume urinaire faible), une consommation excessive de protéines animales, un apport élevé en sodium, faible en fruits et légumes, élevé en fructose comptent parmi les facteurs de risque. Certains régimes comme le cétogène élève aussi beaucoup le risque. Côté calcium, un apport à la fois insuffisant ou trop important élève le risque. On effectue souvent des collectes d’urine de 24 heures pour connaître les facteurs de risque de lithiases et nos analyses permettent d’évaluer avec plus de justesse les apports nutritionnels, comme l’hydratation ainsi que l’apport en sodium et en protéines. Une recommandation fréquente est d’augmenter les fruits et légumes et de limiter les protéines animales pour augmenter le pH urinaire.

On s’intéresse beaucoup au microbiote, après l’axe cerveau intestin. Peux-tu m’en dire plus sur l’axe intestin-rein ?

Un domaine de recherche fort stimulant. Par exemple, les études démontrent que si on mange beaucoup de protéines animales, le microbiote se modifie et génère des toxines urémiques qui entraînent de l’inflammation chronique. En parallèle, plus on mange de fibres, plus on agit positivement sur son microbiote et plus on diminue les déchets qui devront être filtrés par le rein.

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Quels aliments devrait-on prioriser dans son menu si on veut prévenir toute maladie rénale ?


Modèle de reins humains et variété d'aliments frais et sains

D’abord les grains entiers, sources intéressantes de fibres alimentaires. Ensuite une abondance de fruits et légumes et enfin davantage de protéines végétales. En somme, rien de nouveau, mais bien les recommandations de base en saine alimentation. La diète pour sa santé rénale n’est pas bien différente des diètes que l’on recommande pour prévenir les autres maladies chroniques.


Modèle de reins humains et variété d'aliments frais et sains

Pour en savoir plus :

<b><i>Santé rénale – 21 jours de menu</i></b></p>
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Collection Savoir quoi manger<br />
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Santé rénale – 21 jours de menu
Roxanne Papineau
Collection Savoir quoi manger
modus vivendi

L’experte nutritionniste, aussi Présidente du regroupement des nutritionnistes en néphrologie du Québec, combine recommandations nutritionnelles basées sur les dernières recherches en nutrition en lien avec la santé rénale et trois semaines de menus et recettes qui respectent ces recommandations. Un outil très pratique pour optimiser sa fonction rénale et prévenir l’apparition ou la progression de la maladie en cas d’insuffisance rénale.

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