Bien que nous ayons actuellement plus de 3 millions d’infirmières autorisées aux États-Unis, la demande pour ces professionnels continuera de croître d’au moins 5 % au cours des 5 prochaines années. Mais selon les recherches, avec plus de 900 000 infirmières qui devraient quitter définitivement la profession au cours de la même période en raison de départs à la retraite, d’épuisement professionnel ou de changement de carrière, plus de la moitié des États américains (29) ne seront pas en mesure de répondre à la demande de talents infirmiers.
En termes simples, notre capacité à éduquer et à préparer suffisamment de professionnels des soins infirmiers pour soutenir le système de santé d’aujourd’hui est loin de répondre au pipeline dont nous avons besoin. Sachant que les infirmières passent plus de temps avec les patients que les autres disciplines des soins de santé, les dirigeants du système ont besoin de stratégies à court et à long terme pour éviter les ramifications importantes sur la prestation des soins de santé et les opérations hospitalières que ce problème croissant peut entraîner.
Sans une correction rapide du cap pour résoudre ce défi à grande échelle, toutes les parties prenantes des soins de santé, y compris les patients, en ressentiront l’impact. Il existe trois domaines clés dans lesquels les dirigeants de la santé doivent reconsidérer les stratégies actuelles afin de résoudre efficacement ce problème croissant de main-d’œuvre.
Nouveaux modèles de prestation de soins infirmiers
Les modèles actuels d’allocation individuelle des patients et de ratio infirmière-patient pour la prestation des soins infirmiers ne sont ni adaptés ni efficaces compte tenu des défis actuels de l’industrie. Avec une pénurie d’infirmières, le modèle d’allocation individuelle des patients est intrinsèquement rompu. L’idée des ratios infirmière-patient est bonne en théorie, mais échoue dans la pratique car les hôpitaux ne sont pas en mesure de refuser des patients ou de les libérer tôt pour ouvrir la capacité aux patients qui ont besoin de soins.
De plus, l’hôpital ne peut pas embaucher plus d’infirmières, exaspérant ainsi les frustrations. Ces deux modèles de dotation ne sont manifestement pas viables sans un effectif infirmier fiable et renouvelable. Cela signifie que nous devons examiner, tester et mettre à l’échelle les modèles de main-d’œuvre alternatifs les plus appropriés.
Les soins infirmiers en équipe, par exemple, ne sont pas un nouveau concept, mais ils devraient être considérés comme un outil pour lutter contre l’épuisement émotionnel et physique ressenti dans l’ensemble de l’écosystème des soins de santé. Le modèle de soins infirmiers en équipe a été développé dans les années 50 pour remédier à une pénurie de personnel. En répartissant l’étendue des compétences nécessaires pour les soins holistiques entre plusieurs cliniciens aux compétences complémentaires, les soins infirmiers en équipe réduisent la pression d’avoir besoin d’être un expert dans chaque domaine de soins. Avec une adoption généralisée, les systèmes pourraient amener davantage de spécialistes à rejoindre une équipe de soins, en ajoutant de la bande passante et en créant un banc pour l’avenir.
En plus des nouveaux modèles de dotation en personnel, les dirigeants de la santé doivent créer des cheminements de carrière qui encouragent les spécialistes à acquérir des compétences supplémentaires avec une rémunération proportionnelle, ce qui se traduit par une solution de dotation durable et à long terme.
Bienfaits pour l’équilibre et la santé mentale
Le travail et la vie changent pour tout le monde, et pour les infirmières, les défis au travail sont souvent extrêmes. Pendant la pandémie, les décisions prises par les infirmières étaient de vie ou de mort, et les politiques changeaient constamment. Nous sommes en train de tracer un nouvel avenir du travail où vie professionnelle et vie personnelle se confondent. Les employeurs doivent soutenir la santé et la sécurité globales de leurs employés pour créer une relation symbiotique à long terme. Nous constatons déjà de grands progrès dans d’autres industries, et l’industrie des soins infirmiers a beaucoup de rattrapage à faire.
Les pratiques de planification font partie de la solution. Pendant plus de quatre décennies, les équipes de 12 heures ont été utilisées par les systèmes de santé pour faire face aux pénuries de personnel. Malheureusement, cela a créé un défi encore plus grand, ayant un impact négatif sur la santé des infirmières et contribuant à l’insomnie, à l’anxiété et au stress. Recherche publiée dans La BMJ ont constaté que les risques d’épuisement émotionnel pour les infirmières travaillant 12 heures ou plus par quart de travail sont 26 % plus élevés que pour ceux travaillant par quarts de travail 8 heures ou moins.
Selon une enquête menée en 2021 auprès de près de 20 000 IA aux États-Unis, 39 % ont déclaré que la flexibilité et l’équilibre travail-vie personnelle étaient des facteurs influençant le maintien dans l’emploi. Les leaders des soins de santé doivent explorer de nouvelles approches de la planification des horaires des infirmières et mettre en œuvre des modèles de dotation qui protègent la santé et le bien-être des professionnels des soins infirmiers, ainsi que promouvoir la satisfaction au travail pour attirer de nouveaux talents. Permettre aux infirmières de choisir des quarts de travail de 4, 8 ou 12 heures qui correspondent à leurs engagements familiaux et à leur capacité de stress à court terme se traduira par une satisfaction à long terme.
Changer les pratiques d’horaire ne résoudra pas à lui seul l’épuisement professionnel – les systèmes de santé doivent également mettre en place des coachs de bien-être sur place, des réunions obligatoires avec des conseillers d’aide aux employés et des salaires plus élevés. Les ajustements de personnel pour soutenir les membres de l’équipe en tant qu’individus à part entière, et pas seulement les employés, conduiront intrinsèquement à une plus grande gratification et à une meilleure rétention.
Soins basés sur la technologie
Avec moins d’infirmières pour prodiguer des soins, la technologie doit être considérée comme faisant partie intégrante des modèles de prestation de soins de santé. Alors que la transformation numérique continue de se développer, les infirmières doivent être incluses dans la discussion, la conception et l’intégration de technologies nouvelles et innovantes.
Lorsqu’elle est utilisée de manière appropriée, la technologie peut bénéficier aux infirmières et aider à réduire l’épuisement professionnel sans changer complètement la façon dont les infirmières travaillent. Un bon exemple en est Moxi, le robot, ou “cobot”, actuellement déployé dans le système de santé ChristianaCare. Moxi est conçu pour gérer des tâches administratives telles que la récupération de matériel et de fournitures pour les infirmières, permettant aux infirmières de passer plus de temps avec les patients. En tant que dirigeants, nous devons rechercher des alternatives telles que des subventions pour l’innovation et mettre en œuvre une technologie qui profite réellement aux membres du personnel.
Il est important de garder à l’esprit que la technologie n’est aussi efficace que les personnes qui l’utilisent. Cela joue dans au moins deux des «sept obstacles mortels» à la télémédecine, à l’adoption et aux preuves, qui sont la clé du succès de la télésanté et de la technologie des soins de santé plus largement – et nécessitent également l’adhésion des infirmières. Pour s’assurer que ces outils sont utilisés à leur plein potentiel, les dirigeants doivent investir dans leur main-d’œuvre en démontrant la valeur des nouvelles technologies et en formant les infirmières à leur utilisation.
Avancer
Nous ne pouvons pas continuer à fonctionner dans le domaine de la santé comme nous l’avons fait au cours des décennies passées. L’industrie des soins infirmiers doit certainement être modernisée, y compris les mises à jour de la technologie, des politiques et des avantages. Il est maintenant temps d’innover, d’envisager d’autres approches de prestation de soins et d’investir dans nos collègues infirmières de nouvelles façons. Cela commence par un examen plus approfondi des flux de travail, des pratiques de planification et de la manière dont la technologie façonne la prestation des soins. Nous devons investir dans notre main-d’œuvre pour continuer à nous améliorer et éventuellement créer un système de santé plus durable pour les infirmières, les médecins, les systèmes de santé et les patients.
Nat’e Guyton, inf., MSN, est conseillère chez Emeritus Healthcare.
