Joe Biden est-il sur le point de se présenter à la Cop26 les mains vides ? | Kate Aronoff

UNEprès des mois de rhétorique haussière sur le leadership climatique des États-Unis, les États-Unis pourraient encore se présenter à la COP 26 les mains vides. Ce n’est pas forcément le cas, quoi qu’en disent des obstructionnistes charismatiques comme Joe Manchin ou Kyrsten Sinema. Le climat n’attend certainement pas qu’ils changent : le rapport des Nations Unies sur les écarts d’émissions publié cette semaine révèle que le monde est en passe de se réchauffer d’un degré catastrophique de 2,7 °C.

La Maison Blanche a déterminé le succès de son accord de Paris à être en mesure d’adopter un programme de dépenses ambitieux, avec beaucoup d’argent prévu pour les principales priorités climatiques. Ces dernières semaines, l’administration a lié son objectif audacieux, de réduire les émissions d’au moins 50 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, à ce qu’on appelle un Clean Electricity Payments Program (CEPP). C’est fini. Et même si le compromis de 55 milliards de dollars par an de dépenses climatiques promis par la Maison Blanche jeudi se concrétise par une législation, les carottes pour les dépenses vertes ne peuvent aller plus loin. Les États-Unis n’auront toujours pas ramassé les bâtons critiques nécessaires pour s’attaquer aux industries polluantes qui font grimper les températures.

Ils sont désespérément nécessaires. Selon le rapport sur les écarts de production de 2021 soutenu par l’ONU, les gouvernements du monde sont sur la bonne voie pour produire double la quantité de combustibles fossiles qui est compatible avec le plafonnement du réchauffement à 1,5°C. Aux États-Unis, la production de pétrole et de gaz est désormais en passe d’augmenter de 17 et 12 %, respectivement, d’ici 2030.

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Les États-Unis se présentant de bonne foi à Glasgow leur demanderont de marcher sur le troisième rail de la politique climatique américaine et mondiale : s’attaquer aux combustibles fossiles. Ces mots n’apparaissent pas dans l’Accord de Paris lui-même. Mais les réduire rapidement est essentiel pour atteindre ses objectifs de limiter le réchauffement à «bien en dessous» de 2 °C, avec une aspiration (répétée fréquemment par l’administration Biden) de limiter l’augmentation de la température à seulement 1,5 °C.

L’administration Biden est également sur la bonne voie pour approuver plus de forages pétroliers et gaziers sur les terres fédérales que n’importe quel président depuis George W Bush. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que les démocrates nous laissent tomber sur l’action climatique. Ce n’est que quelques jours après l’Accord de Paris que l’administration Obama a abrogé discrètement l’interdiction d’exporter du pétrole brut vieille de 40 ans dans le cadre d’une mesure de dépenses omnibus incontournable en 2015. Au cours des quatre années qui ont suivi son adoption, les exportations de pétrole brut ont augmenté de 750 %, permettant aux États-Unis de franchir à terme le seuil pour devenir un exportateur net de pétrole à l’hiver 2020. La même année, les États-Unis étaient le troisième exportateur mondial de gaz.

Cette trajectoire est manifestement en décalage avec une planète vivable. Les dirigeants autochtones qui ont convergé à Washington sous la bannière de People v Fossil Fuels plus tôt ce mois-ci ont été récemment rejoints par 13 membres du Congrès pour appeler l’administration à utiliser toute l’étendue de ses pouvoirs pour commencer à traiter la crise climatique comme l’urgence qu’elle est, mettre un terme à l’expansion des combustibles fossiles. Les outils à la disposition de Biden, comme ils le notent, sont énormes.

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L’EPA a le pouvoir de réglementer rigoureusement le dioxyde de carbone et le méthane, ce qu’elle devrait faire bientôt. En déclarant une urgence nationale, Biden pourrait rétablir l’interdiction d’exporter du pétrole brut pratiquement du jour au lendemain, enrayant le flux de combustibles fossiles américains brûlés à l’étranger pour enrichir une poignée de cadres ici.

Une telle déclaration débloquerait le pouvoir de mettre enfin les États-Unis sur un pied de guerre pour déployer rapidement les énergies renouvelables et créer des millions d’emplois syndicaux dans le processus, plutôt que de ne compter que sur des mesures au coup par coup comme des crédits d’impôt. Le ministère de l’Énergie pourrait rejeter les permis d’exportation en vertu de la Loi sur le gaz naturel. Le ministère de l’Intérieur pourrait cesser de vendre des baux à des taux inférieurs au marché pour forer sur des terres publiques, activité qui représente environ un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays.

Il y a aussi beaucoup d’autres fruits à portée de main: Biden pourrait annuler le pipeline de la canalisation 3, ainsi que le pipeline Dakota Access, la canalisation 5 et le pipeline Mountain Valley Pass. Une analyse récente d’Oil Change International, en fait, a révélé que la Maison Blanche doit éviter 1,6 milliard de tonnes métriques d’émissions par an en rejetant ces projets et 20 autres projets de combustibles fossiles. Les lois existantes comme la Clean Water Act et la National Environmental Policy Act accordent à l’exécutif une large autorité pour le faire.

Sur le plan international, l’administration pourrait rejoindre le Royaume-Uni et l’Italie au G20 cette semaine pour pousser à l’élimination progressive du charbon et mettre officiellement fin au financement à l’étranger de tous les projets pétroliers et gaziers par l’intermédiaire de la Banque américaine d’import-export. Le département d’État pourrait abandonner ses objections de longue date aux discussions concrètes sur le financement des pertes et dommages et la responsabilité historique de la hausse des températures lors des pourparlers de l’ONU sur le climat à Glasgow.

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Joe Biden et les membres de son administration ont souvent qualifié le changement climatique de « menace existentielle ». Si la Maison Blanche voulait agir comme si c’était vrai – et affirmer un véritable leadership américain à la COP 26 – elle le pourrait.

  • Kate Aronoff est rédactrice à The New Republic. Elle est co-auteur de A Planet To Win: Why We Need A Green New Deal (Verso) et co-éditrice de We Own The Future: Democratic Socialism, American Style (The New Press)

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