Une lettre ouverte de l’Internet Society affirme que les propositions de réglementation fédérale en ligne pourraient restreindre la liberté et l’innovation

Dans une lettre récente adressée au premier ministre canadien Justin Trudeau, l’Internet Society, un groupe à but non lucratif prônant un Internet ouvert, a vivement critiqué plusieurs des politiques et propositions récentes du gouvernement fédéral liées à la réglementation d’Internet.

«Pourquoi votre gouvernement prend-il maintenant des décisions non éclairées qui menacent de saper Internet et l’innovation au Canada?»

La lettre ouverte, qui a été signée par des membres de l’écosystème technologique canadien, des experts en politiques et des universitaires, appelle spécifiquement le projet de loi C-10, la législation sur les discours nuisibles en ligne et les propositions visant à bloquer le contenu au niveau du réseau, comme ayant des implications potentiellement néfastes sur la liberté et Innovation canadienne. Les signataires incluent Nasma Ahmed, directeur du Digital Justice Lab; Michael Geist, Chaire de recherche du Canada en droit de l’internet et du commerce électronique; et Bianca Wylie, cofondatrice de Tech Reset Canada.

«Plus que jamais, tous les membres de la société canadienne comptent sur Internet», indique la lettre. «Une récente série de propositions et de mesures prises par votre gouvernement menace de nuire à notre liberté d’accéder au contenu en ligne de notre choix, de publier du contenu légal sans crainte de censure, et même de risquer de perturber l’infrastructure technique d’Internet.»

La lettre intervient alors que le projet de loi C-10, qui propose plusieurs modifications à la Loi sur la radiodiffusion, est devenu la cible de critiques au cours des dernières semaines. Le projet de loi propose plusieurs modifications à la Loi sur la radiodiffusion, qui placeraient les principaux sites de diffusion en continu, comme Netflix, sous une réglementation similaire sur le contenu canadien qui régit les radiodiffuseurs traditionnels. Le ministre du Patrimoine, Steven Guilbeault, a fait valoir que la loi visait à cibler les entreprises de diffusion en continu étrangères et les sites de médias sociaux.

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Les experts ont déclaré que la législation faisait partie de la volonté du gouvernement libéral de réglementer les grandes entreprises technologiques, telles que Google et Facebook. Une partie du projet de loi obligerait ces sociétés de diffusion en continu à diffuser davantage de contenu canadien. Des experts comme Janet Yale, présidente du comité d’examen de la législation sur la radiodiffusion et les télécommunications, ont déclaré que le projet de loi vise à promouvoir un contenu qui reflète le Canada, plutôt que d’entraver les libertés des Canadiens.

Les membres de la communauté technologique canadienne ont reconnu que les créateurs de contenu canadien sont confrontés à un problème de «découvrabilité». L’entrepreneur et conférencier canadien Amber Mac a déclaré dans un récent série de tweets que même si le projet de loi C-10 n’est pas nécessairement la solution, les particuliers et les petites entreprises qui produisent du contenu canadien ont besoin de plus de visibilité.

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Alors que le débat sur le projet de loi C-10 se poursuit, le gouvernement fédéral envisage également des propositions supplémentaires qui, selon la lettre de l’Internet Society, pourraient également restreindre la liberté.

Le gouvernement libéral a proposé un projet de loi qui pourrait inclure de nouvelles règles pour le discours en ligne. Ces réglementations porteraient sur le discours de haine, l’incitation à la violence, l’exploitation sexuelle des enfants, le terrorisme et la distribution en ligne non consensuelle d’images intimes.

Le mois dernier, le gouvernement a lancé une consultation publique sur la manière dont les intermédiaires en ligne, tels que les fournisseurs d’accès Internet (FAI), peuvent se protéger contre la responsabilité en cas de violation du droit d’auteur. Le gouvernement envisage plusieurs options pour lutter contre le piratage en ligne, comme permettre aux FAI de bloquer les sites Web qui affichent du contenu piraté.

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Dans un communiqué, le ministre de l’Innovation François-Philippe Champagne a déclaré, à travers cette consultation publique, que le gouvernement cherche à «trouver un équilibre entre faciliter un accès large et légal au contenu protégé par le droit d’auteur et sauvegarder les droits et libertés individuels dans un Internet ouvert». La consultation est ouverte jusqu’au 31 mai.

«En 2017, vous vous êtes engagé à protéger un Internet ouvert et la neutralité du Net. À la fin de l’année dernière, vous vous êtes engagé à connecter 98% des foyers au Canada à Internet haute vitesse d’ici 2026 », indique la lettre de l’Internet Society. «Pourquoi votre gouvernement prend-il maintenant des décisions non éclairées qui menacent de saper Internet et l’innovation au Canada?»

«Nous comprenons qu’une réglementation en ligne peut être nécessaire et que les politiques doivent être mises à jour», a ajouté la lettre. «Mais les décisions concernant la politique Internet du Canada ne peuvent pas être prises à la légère – elles ont des implications sociales, économiques et culturelles et pourraient nuire aux fondements techniques qui font qu’Internet fonctionne pour tout le monde.

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