Les deux meilleurs espoirs de la LHJMQ en vue du prochain repêchage de la LNH sont l’attaquant Maxime Massé et le défenseur Spencer Gill. Malgré tout, ils n’ont pas reçu le quart de la couverture médiatique dont a fait l’objet Justin Poirier cette saison.
Ignoré pour à peu près tous les grands événements cette saison, Poirier a quand même continué à remplir le filet à une vitesse phénoménale, terminant la saison avec 69 buts en 85 matchs, séries incluses.
Depuis deux semaines, j’ai passé de nombreuses heures au téléphone avec différents recruteurs pour différents reportages que vous avez lu ou pourrez lire dans les prochains jours. À plusieurs d’entre eux, j’ai posé la question suivante: où va sortir Justin Poirier, d’après toi?
Chaque fois, la première réaction est la même: «Ouf, ça, c’est une bonne question.»
Un choix de troisième ronde?
Fascinant, quand même, qu’un joueur qui a marqué autant de buts la saison dernière soit aussi polarisant.
Ce que j’en retiens c’est que des clubs pourraient commencer à y penser en deuxième ronde alors que d’autres ne l’ont pas du tout sur leur liste (!).
Poirier est un attaquant de 5 pi 7 po et peu d’entre eux parviennent à jouer de façon régulière dans la LNH. Mais ce n’est pas tant sa grandeur que le fait que sa principale lacune soit son coup de patin qui rebutent certaines équipes de la LNH.
Malgré ses talents de marqueur, son potentiel professionnel demeure considéré comme un «risque» et certaines équipes qui possèdent moins de choix au repêchage préfèrent plutôt se tourner vers des choix plus «sûrs». C’est pourquoi, dans leur stratégie, choisir Poirier n’est pas une option.
La majorité des recruteurs croient tout de même qu’une sélection quelque part entre la troisième et la quatrième ronde est une projection réaliste pour le jeune franc-tireur.
Ce qu’un recruteur nous a illustré, pour parler de Poirier, c’est que son chemin vers la LNH pourrait ressembler à celui de Martin St-Louis. On ne parle pas ici de comparer leur carrière, au cas où ce ne serait pas clair. La comparaison se veut davantage sur le fait que Poirier doive probablement faire ses classes et peut-être avoir à patienter cinq ou six ans avant d’obtenir une vraie chance dans le circuit Bettman.
Un scandale?
Certains ont crié au scandale la saison dernière chaque fois qu’il était ignoré pour certains événements importants, dont le match des meilleurs espoirs de la Ligue canadienne de hockey (LCH) ainsi que le dernier camp d’évaluation de la LNH à Buffalo.
Controverse ou non, ce qu’on peut affirmer sans gêne, c’est que le natif de natif de Salaberry-de-Valleyfield a répondu chaque fois à ces affronts avec des prestations encore plus étincelantes. Ses séries, alors qu’il a inscrit 17 buts en 18 matchs avec le Drakkar de Baie-Comeau, ont été une façon d’envoyer tous ses détracteurs promener, pour être poli.
«Il a vraiment eu une attitude remarquable, a assuré le défenseur Alexis Bernier, son coéquipier avec le Drakkar et lui aussi un espoir du prochain repêchage. Au Match des meilleurs espoirs, il aurait dû être là, mais il l’a pris comme une motivation et après les Fêtes, il a explosé. Ensuite, quand la liste finale [de la Centrale de recrutement] est sortie, il n’était pas aussi haut qu’il aurait voulu être [82e en Amérique du Nord] et il est arrivé en séries et il a marqué de nombreux buts, dont de très importants. Chaque fois, il se lève et prouve que les gens ont tort.»
À Montréal?
Quand on parlait plus haut des équipes qui ne possèdent pas beaucoup de choix, ce n’est pas le cas du Canadien qui compte 12 choix au total au repêchage de 2024 dont deux de troisième tour et un de quatrième ronde, soit les rondes où l’on s’attend à voir Poirier être réclamé.
S’il est encore disponible à ces rangs, le CH aura une importante décision à prendre. Non seulement il y aura la pression populaire, mais le CH devra aussi évaluer le risque de voir un marqueur de but aussi prolifique se développer ailleurs.
Avec le Rocket de Laval tout près, imaginez s’il fallait que Poirier se mette à remplir le filet dans la Ligue américaine à un autre endroit qu’à Laval?!
Encore pire, s’il fallait qu’il déjoue (encore) les pronostics et atteigne la LNH, ailleurs qu’à Montréal.
Une autre année difficile pour la LHJMQ
Photo de Kevin Dubé
Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable: ce sera une autre année difficile pour la LHJMQ au repêchage de la LNH.
L’an dernier, le circuit Cecchini avait connu la pire cuvée de son histoire alors que seulement 12 joueurs de cette ligue avaient trouvé preneur lors des sept rondes du repêchage tenu à Nashville. De ce nombre, cinq seulement étaient des joueurs québécois.
Ça ne s’annonce guère mieux, en 2024.
«Ça va être encore catastrophique, cette année», nous a même lancé un recruteur la semaine dernière.
Les chances sont d’ailleurs bonnes qu’aucun représentant de la LHJMQ ne soit sélectionné au premier tour.
Afin de réaliser notre repêchage simulé, publié samedi dernier, nous avons parlé à cinq recruteurs afin d’avoir un aperçu des tendances à quelques jours du repêchage. Des cinq, deux seulement ont placé un joueur de la «Q» au premier tour, soit l’attaquant des Saguenéens de Chicoutimi Maxim Massé, qu’ils voient être repêché à la toute fin du premier tour.
Un Québécois semble toutefois assuré d’être réclamé parmi les 32 premiers choix: l’attaquant natif de Trois-Rivières, Sacha Boisvert, qui a passé la dernière saison avec les Lumberjacks de Muskegon dans la USHL, la ligue junior américaine.
Spencer Gill, le premier de la LHJMQ?
En début de saison, peu de gens auraient pu prédire que le défenseur Spencer Gill serait considéré comme une option en première ronde du repêchage de la LNH.
Après une année où il a «pris un étape», selon son entraîneur avec l’Océanic de Rimouski Joël Perrault, le voilà maintenant un solide candidat pour, à tout le moins, être le premier joueur de la LHJMQ sélectionné à Las Vegas.
Cinquième choix au total en 2022 dans le circuit Cecchini, Gill a vu sa cote grimper de façon constante tout au long de la saison. Après n’avoir récolté que 4 passes en 41 matchs en 2022-2023, il a conclu la dernière campagne avec 46 points dont 12 buts en 65 parties.
«À la fin de la saison, c’est lui qui dirigeait notre avantage numérique et il jouait de grosses minutes. Ce que le futur lui réserve est vraiment impressionnant.»
Sa progression sur glace a été, en partie, aidée par son développement physique. D’un jeune de 6 pi 2 po et environ 160 lb à ses débuts à 16 ans en 2022, il mesurait 6 pi 3 po et pesait 180 lb à la fin de la saison. Son objectif est d’atteindre les 195 lb d’ici au prochain camp d’entraînement.
«Ça m’a beaucoup aidé et la force que j’ai pris dans les jambes m’a aidé à gagner de la vitesse», a-t-il reconnu, lui qui croit qu’il devra atteindre les 215 lb lorsqu’il sera à maturité physique.
«Ses lacunes sont encore liées à sa force physique, ajoute Perrault. Ce sont des choses qui sont faciles à corriger si tu y mets les efforts et, Spencer, il les met, les efforts.»
JOUEURS DE LA LHJMQ SÉLECTIONNÉS DEPUIS 2010
- 2010 : 22
- 2011 : 22
- 2012 : 19
- 2013 : 31
- 2014 : 17
- 2015 : 30
- 2016 : 14
- 2017 : 14
- 2018 : 23
- 2019 : 18
- 2020: 20
- 2021 : 24
- 2022 : 19
- 2023 : 12
