Le festival des petites cases

Le festival des petites cases

Je suis allée plusieurs fois à Tadou, le Festival de la chanson de Tadoussac, qui se déroulait en fin de semaine. Un festival fabuleux qui a tout pour lui. Tout le monde en ville s’implique, la nature est splendide, on y mange bien, les salles de spectacles sont intimistes, les artistes sont heureux.

Mais selon Le Devoiron devrait aimer le Festival de Tadoussac parce que: 1. il est «dirigé pour la première fois par une femme»; 2. la programmation est paritaire (autant de femmes que d’hommes); 3. les onze membres de l’équipe de ce petit Festival tenu à bout de bras sont tous des femmes.

Il y a mille et une raisons d’aimer Tadou.

Mais ce qu’ils ont dans le pantalon ou sous leur jupe, ça n’en fait pas partie: je m’en fous!

Cochez les cases

Depuis plusieurs années, c’est la grosse affaire, le gros dossier des festivals. On est-tu assez diversifié! assez inclusif! assez paritaire! Il y a bien sûr des artistes qui se servent de cette cause pour se faire du capital de sympathie en étalant leur féminisme comme d’autres étalent la confiture sur leur toast le matin. Et il y a les obsédés des petites cases, toujours en train de classer les individus selon les étiquettes qu’on leur accole. Tu n’est plus «un artiste talentueux» , tu es «un artiste issu de la minorité XYZ talentueux». Ça m’énarve!

Ça change quoi à la qualité du Festival de Tadoussac que la programmation soit paritaire?

Marjo était à Tadoussac. Est-ce qu’on va voir Marjo parce que c’est une femme, dans un esprit paritaire ou parce que c’est une sacrée performeuse avec autant d’énergie qu’un barrage d’Hydro-Québec?

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Karine Ruel

Calamine était à Tadoussac. Est-ce que j’aurais eu le goût de voir Calamine juste parce que c’est une femme? Mais non, femme ou pas, je n’aurais aucun interêt pour cet artiste après avoir lu le descriptif: «Le concert de Calamine se présente comme un manifeste de l’irrévérence queer, un procès festif et désinvolte de l’hétéro-patriarcat et une complainte eco-anxieuse dont l’enthousiasme et le cynisme se concurrencent. Face à l’indécence néo-libérale, la décroissance personnelle convie à danser sur la déchéance du monde, embrasser la mauvaise foi intellectuelle des populistes et se réapproprier notre statut de déchet dans une perspective d’empouvoirement. Les outils thérapeutiques privilégiés lors de ses concerts sont l’hystérie et l’aliénation». Je préfère un traitement de canal plutôt que de me faire parler d’hystérie, d’aliénation et d’empouvoirement.

C’est quand même bizarre, cette époque qu’on vit.

Les médecins nous parlent de «trou avant» et de «micro pénis», on change de genre comme on change de chemise entre le lundi et le vendredi, l’identité est fluide… mais on est obsédé par la parité homme-femme.

«On a un souci de représentativité. On veut mettre en avant une programmation qui soit représentative et inclusive», nous dit la nouvelle directrice de Tadou.

Mais ça veut dire quoi ce jargon? Le milieu de la musique a toujours été inclusif, des noirs et des blancs, des hommes et des femmes, des Européens et des Africains, des classiques et des électriques. C’est ça la musique: le métissage, le mélange des genres , Ebony and Ivory!

Elle lui

Mais j’y pense: si la parité c’est moitié-homme moitié-femme, une équipe composée de onze femmes, ce n’est pas du tout paritaire! On va mettre un homme là-dessus!

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