Le premier album remixé: Beau Dommage «dans ta face»

Le premier album remixé: Beau Dommage «dans ta face»

C’est l’album qui a lancé l’un des plus grands groupes québécois de l’histoire, en 1974. Près de 50 ans plus tard, le disque Beau Dommage, et ses succès Le Picbois, Chinatown, Ginette et autres 23 décembremérite un nouveau traitement sonore conçu par le mixeur Ghyslain Luc Lavigne. « À partir de maintenant, il aura cette version qui peut traverser le temps, si le temps le veut bien », dit Michel Rivard.

On avait rendez-vous cette semaine avec quatre membres de Beau Dommage dans un studio du centre-ville. Dès les premières secondes, on pouvait constater la complicité et l’affection que se portent encore les Marie Michèle Desrosiers, Michel Rivard, Pierre Huet et Réal Desrosiers.

Les quatre retrouvaient aussi avec plaisir le « jeune » Ghyslain Luc Lavigne à qui l’on avait confié le mixage et remastering de Beau Dommage. « J’avais six ans quand cet album-là est sorti, mentionne l’ingénieur de son. Je connaissais les tounes parce que mes parents écoutaient ça. »

Lavigne travaillait déjà depuis 20 ans avec Michel Rivard sur ses projets personnels quand ce dernier lui a lâché un coup de fil, en janvier 2020. « Il m’a demandé si je voulais remixer le premier album de Beau Dommage, raconte le mixeur. Je pense que j’ai raccroché! »

Dans les faits, le projet de remixage venait de Universal Music, qui possède les droits de l’album. Quand la compagnie a contacté Michel Rivard, ce dernier a répondu que ce serait intéressant d’aller dépoussiérer les pistes originales.

Beau Dommage

Produit amélioré

Après des mois de travail, Ghyslain Luc Lavigne a envoyé le résultat aux membres de Beau Dommage. « J’étais nerveux! reconnaît-il. J’étais content du résultat. Mais je me disais : d’un coup qu’ils n’aiment pas. »

La réponse a été unanime. Tous ont adoré le nouveau traitement sonore du disque. « C’était exactement ce à quoi on s’attendait, dit Réal Desrosiers. C’était le même produit, mais amélioré. »

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« Je déteste les comparaisons avec les Beatles, mais quand tu écoutes leurs albums remixés, tout est dans ta face, tout est croustillant, dit Michel Rivard. Tu entends les voix et les guitares séparément. Tu as plus de « plaisir » audiophile. C’était ça le but. »

En réécoutant l’album, les membres de Beau Dommage se sont immédiatement replongés dans cette époque effervescente des années 1970. « Ça m’a replongé en studio, quand on a fait l’album, avec les fous rires et les niaiseries », dit Réal Desrosiers.

« Personne n’avait un studio chez lui, dit Michel Rivard. C’était quelque chose, à l’époque. Aller en studio était un événement. »

Finies les retrouvailles

Même s’ils en étaient au début de leur carrière, les musiciens savaient qu’ils avaient de bonnes chansons entre les mains. « On aimait nos tounes. Je pense qu’on aimait le son qu’on produisait, dit Michel Rivard. Mais on n’avait aucune idée de la portée commerciale de l’affaire. On s’attendait à rejoindre les gens de notre âge qui avaient vécu à Montréal. On n’avait aucune idée que ça pouvait intéresser quelqu’un à Dolbeau. »

Le succès de ce premier album a été indéniable avec plus de 300 000 exemplaires vendus. Les musiciens ont enchainé avec trois autres albums en trois ans, avant de se séparer en 1978. Après différents retours dans les années 1990 et 2000, peut-on espérer d’autres retrouvailles sur scène pour Beau Dommage?

« Tu peux espérer mais il n’y en aura pas! » répond Réal Desrosiers en riant.

« C’est une décision de groupe réfléchie depuis plusieurs années, ajoute Michel Rivard. Je pense qu’on a donné. On a fait une super tournée. On a fait des événements, on a fait un super album que plus personne n’attendait. On a bien fait notre service après-vente. […] Même se réunir tout le monde, c’est rendu difficile, pour toute sortes de raisons. Il faut juste que les gens s’habituent au fait qu’il n’y aura plus de photo de toute la gang ensemble. »

  • L’album remixé de Beau Dommage est disponible en différents formats.
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10 faits sur le premier album

  1. Dans les années 1970, aller en studio « était un événement, une promotion », selon Michel Rivard. Encore « assez verts », les jeunes membres de Beau Dommage n’allaient passer que deux semaines en studio pour enregistrer leur premier album, et deux ou trois jours pour le mixer.
  2. Beau Dommage a enregistré au Studio Tempo, le même endroit où Harmonium avait enregistré son premier disque quelques mois auparavant. Le groupe a aussi partagé le même réalisateur : Michel Lachance.
  3. Plusieurs chansons parlent de Montréal. « On n’était pas en réaction contre Vigneault et Leclerc, dit Rivard. Mais on trouvait que c’était le temps de valoriser notre milieu à nous autres, et pas juste le fleuve et les montagnes. »
  4. Une fois l’album complété, Beau Dommage a essuyé des refus de toutes les compagnies de disques. Une seule compagnie acceptera de les signer : Disques Capitol-EMI, dont les bureaux principaux sont à Toronto! C’est toutefois un employé de Montréal, Pierre Bubord, qui est derrière cette signature.
  5. Même s’il a eu le flair de signer Beau Dommage, Pierre Bubord s’est trompé sur un autre aspect. Il voulait que le groupe mette sur son premier album sa chanson de style rock progressif de plus de 20 minutes Un incident à Bois-des-Filion! « C’est nous qui avions dû lui dire qu’on serait peut-être mieux de sortir nos petites chansons courtes en premier », dit Rivard.
  6. Au moment de choisir les pièces à mettre sur l’album, le groupe hésitait entre L’Ange gardien et Le blues d’la métropole. Les musiciens décideront de garder cette dernière pour leur deuxième album. Quant à L’Ange gardienelle est la « chanson oubliée » du premier disque, car elle n’a jamais connu de succès à la radio. « C’est une très belle chanson, mais elle est weird! » reconnaît Marie Michèle Desrosiers.
  7. Ne sachant évidemment pas que le groupe connaîtrait autant de succès, Robert Léger avait naïvement mis sa véritable adresse, le 6760 Saint-Vallier, dans les paroles de Tous les palmiers. Encore à ce jour, les habitants de ce logement reçoivent deux ou trois fois par année une lettre adressée à Beau Dommage, mentionne Pierre Huet.
  8. Le groupe a su que son succès dépassait la région de Montréal quand il s’est rendu faire un spectacle à la polyvalente de Roberval. « Il y avait du monde qui nous attendait dehors et qui courait à côté de notre minibus », se souvient Rivard. « La plupart des villes, on faisait un show à 19h et un autre à 22h parce que tous les billets étaient vendus », dit Réal Desrosiers.
  9. Fait rarissime : presque toutes les chansons de l’album ont connu du succès à la radio. Les chansons tournaient tellement en ondes qu’un des agents du groupe a dû appeler les postes de radio pour leur dire de moins les faire jouer! « Les radios n’étaient pas formatées à l’époque et si l’animateur décidait que sa toune préférée, c’était Ginette, il la faisait jouer! », dit Rivard.
  10. Les membres de Beau Dommage n’ont jamais considéré 23 décembre comme une chanson de Noël, même si le titre est aujourd’hui un classique des Fêtes. « C’est plus une évocation de souvenirs du temps des Fêtes, dit Rivard. Elle joue beaucoup à Noël, c’est sûr, de la même façon que les chansons nationalistes jouent plus souvent autour de la Saint-Jean et que la musique traditionnelle joue au jour de l’An. Mais on ne l’a jamais considéré comme une chanson de Noël. »
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