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Après une période des Fêtes sans neige, les résidents d’Ottawa se livrent à la tradition annuelle consistant à tenter de prédire la date d’ouverture de la patinoire du canal Rideau.
Les patineurs passionnés connaissent la règle par cœur : il faut qu’il fasse assez froid assez longtemps pour que la glace soit suffisamment épaisse. Mais avec les hivers qui se réchauffent et le canal resté fermé pour la première fois la saison dernière, la question de savoir quand il pourrait s’ouvrir (voire pas du tout) n’est pas la bonne question. Nous devrions plutôt nous demander comment Ottawa devrait se préparer à des hivers sans canal.
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La patinoire du canal Rideau est à Ottawa ce que le Carnaval est à Québec : un monument qui définit l’hiver dans la capitale. Il attire les touristes et les résidents du centre-ville qui dépensent ensuite dans les restaurants, les magasins et les hôtels. Les années où le canal était ouvert pendant de longues périodes, il a accueilli plus d’un million de patineurs.
Sauf que l’année dernière, la Commission de la capitale nationale (CCN) a dépensé près d’un million de dollars pour préparer le canal, en vain. Malheureusement, il deviendra de plus en plus difficile d’ouvrir la patinoire à mesure que le climat d’Ottawa change. Un rapport commandé par la CCN et la Ville d’Ottawa prévoit que le nombre de jours en dessous de -10 °C diminuera progressivement avec le temps, tandis que les cycles de gel-dégel, mauvais pour les conditions de patinage, deviendront plus fréquents.
Le jeu du climat est posé contre le canal. La CCN travaille avec l’Université Carleton pour trouver des moyens d’ouvrir la patinoire pendant des hivers plus chauds et plus humides. Ils étudient un large éventail de stratégies, allant des canons à neige fondante à une meilleure gestion de la neige. Rien ne garantit que cela fera une différence substantielle, surtout si de sombres projections climatiques se matérialisent.
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Le canal fait partie de l’identité d’Ottawa, mais on ne peut plus tourner autour du sujet — la fermeture de la patinoire deviendra de plus en plus courante. Ottawa perdra ainsi un moteur économique et un différenciateur majeur. C’est pourquoi nous devons nous préparer dès maintenant et nous demander ce qui attirera les visiteurs pendant l’hiver à l’avenir ?
Depuis qu’elle est responsable du canal, du Bal de Neige et du parc de la Gatineau, la CCN a joué un rôle central en matière d’adaptation aux changements climatiques. Cependant, les impacts économiques du changement climatique sur le tourisme sont de nature locale et régionale. C’est pourquoi nous avons besoin d’une approche globale à laquelle participent activement Tourisme Ottawa, les organismes touristiques régionaux, les partenaires de développement économique et les intervenants de l’industrie. . Ce groupe est le mieux placé pour reconnaître les opportunités et réinventer le tourisme hivernal dans la ville et la vallée de l’Outaouais. Une perspective régionale doit être incluse dans ces efforts, car les communautés voisines peuvent stimuler le tourisme grâce à leurs propres attractions et bénéficier des retombées positives.
Le moment est venu d’identifier, de développer et d’attirer les attractions hivernales de demain. Tout doit être sur la table et nous devons accepter que certaines tentatives pour attirer des visiteurs risquent de ne pas réussir au début. Dépasser le patinage sur le canal sera une question sensible sur le plan émotionnel et de nombreux résidents ont tendance à être réticents à prendre des risques lorsqu’il s’agit du centre-ville. L’éducation, l’engagement et les partenariats seront essentiels pour permettre cette transition.
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Déployer des équipements pour prolonger la durée de vie des attractions touristiques et/ou développer une nouvelle offre pour s’adapter au changement climatique prend du temps et des ressources. Ottawa bénéficie de la présence de la CCN pour financer cette entreprise, mais plusieurs villes touristiques à travers le pays font face à des défis similaires sans avoir accès au financement.
La nouvelle Stratégie fédérale de croissance du tourisme souligne l’importance d’accroître la capacité des communautés à s’adapter au changement climatique et d’améliorer la résilience des attractions. Le financement gouvernemental est actuellement très limité pour aider les municipalités et le secteur du tourisme dans cette transition. En fin de compte, une approche impliquant tous les acteurs exige que les niveaux supérieurs de gouvernement jouent également un rôle sous la forme d’une aide financière, d’une coordination et d’un soutien au marketing des destinations.
Sébastien Labrecque est un économiste et expert en politiques publiques qui vit à Ottawa.
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