Pierre Castel, le milliardaire français derrière la chaîne de cavistes Nicolas, a été condamné à payer des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts suisses dans une décision de justice qui a conclu qu’il avait délibérément caché son identité pendant des décennies à la tête d’un empire mondial des boissons.
Une cour d’appel de Genève a conclu que Castel, 95 ans, avait déposé des déclarations de revenus sous un prénom entre 1982 et 1994 plutôt qu’un autre, sous lequel il est bien connu comme le fondateur du troisième plus grand négociant en vin au monde. Il a estimé les taxes et amendes dues à environ 415 millions de francs suisses (663 millions de dollars).
Alors que les noms de Castel, d’autres membres de la famille ainsi que des entreprises impliquées ont été expurgés de la décision, une description détaillée de l’entreprise et de son fondateur indique son identité. L’arrêt comprend l’année de naissance, la nationalité, les origines familiales et le parcours professionnel de Castel fournis par sa défense qui correspondent à ceux décrits par l’entreprise et par Castel – dont le nom est Pierre Jesus Sebastian Castel – dans des entretiens.
La décision précisait que Castel avait 30 jours pour faire appel de cette décision devant un tribunal fédéral suisse, mais il n’est pas clair s’il l’a fait. Un représentant d’une société holding a transmis les demandes de renseignements à Grégory Clerc, son avocat. Clerc n’a pas répondu aux appels et courriels répétés à son bureau à Genève. Une porte-parole de l’administration fiscale fédérale suisse, partie civile dans l’affaire, s’est refusée à tout commentaire.
Début bordelais
La décision de justice donne un rare aperçu des affaires de l’une des fortunes les plus secrètes de France. Castel a été décrit comme l’exilé fiscal le plus riche du pays après son déménagement en Suisse en 1981 à la suite de l’élection du président socialiste François Mitterrand. Lui et ses proches ont construit la fortune d’un petit avant-poste commercial à Bordeaux à l’un des plus grands négociants en vin d’Europe et brasseurs de bière en Afrique.
Les autorités suisses ont ouvert leur enquête en 2017 sur des soupçons selon lesquels le Castel qui avait déposé des déclarations de revenus dans leur juridiction était en fait le chef d’un empire et était en possession d’une fortune non déclarée. Les profils médiatiques de Castel à la tête d’un réseau tentaculaire de plus de 215 entreprises dans 40 pays n’ont pas été reflétés dans ses déclarations fiscales, selon le verdict de juillet, qui a été rapporté plus tôt par le blog suisse Gotham City.
Au cours de l’enquête, les représentants de Castel ont reconnu avoir omis “certains éléments” de ses revenus et de sa fortune entre 2007 et 2011, selon le jugement. Ils ont dit que les documents «utiles» étaient difficiles à trouver car Castel pratiquait une gestion à l’ancienne impliquant des poignées de main et des discussions orales.