Face à la flambée de l’inflation qui frappe particulièrement durement les familles pauvres, qui a déclenché des troubles dans certains pays, les décideurs politiques devraient prendre des mesures immédiates pour compenser la douleur avec un soulagement ciblé et temporaire, a déclaré mardi l’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.
“Nous avons déjà vu dans certains pays des gens manifester lorsqu’ils voient le prix de la nourriture ou des produits de base augmenter très rapidement”, a déclaré le responsable à l’- dans une interview.
Les gouvernements peuvent atténuer l’impact de la flambée des prix avec “des mesures ciblées pour essayer de soutenir les populations vulnérables”, qui peuvent inclure des mesures telles que des remises sur les factures de services publics ou des paiements directs aux familles pauvres, a-t-il déclaré.
Gourinchas a dévoilé mardi les dernières Perspectives de l’économie mondiale du FMI qui signalent la hausse de l’inflation comme un risque clé, aggravé par l’invasion russe de l’Ukraine qui a provoqué une flambée des prix du carburant et des denrées alimentaires.
Les dégâts que le conflit cause à l’économie mondiale, y compris l’inflation la plus élevée depuis des décennies, sont au centre des préoccupations des responsables des finances mondiales qui sont réunis cette semaine pour les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
Le soutien pourrait également inclure “des subventions aux prix de l’énergie, tant qu’elles sont claires, transparentes et temporaires, afin qu’elles n’affectent pas le budget trop longtemps”, a déclaré Gourinchas.
C’est une position inhabituelle pour le prêteur de crise basé à Washington, qui détestait historiquement les subventions et exigeait que les pays les éliminent et resserrent les dépenses en échange d’un soutien financier.
Le FMI a souvent été présenté comme le méchant des protestations populaires contre les mesures d’austérité imposées par les gouvernements cherchant à redresser leurs économies à l’aide d’un programme de prêts.
Ces dernières semaines, des manifestants sont descendus dans les rues du Pérou et du Sri Lanka pour exiger des actions de la part de leurs dirigeants alors que le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie ont fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires et du carburant et créé des pénuries qui, selon les responsables, pourraient provoquer une crise alimentaire.
Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette de 51 milliards de dollars.
Gourinchas a déclaré que certains pays à faible revenu “avec un espace budgétaire très limité et des niveaux d’endettement élevés” auront besoin d’une aide extérieure.
“Le fonds et d’autres organisations s’efforcent de résoudre cette crise d’insécurité alimentaire, de fournir des fonds et des vivres aux pays touchés”, a-t-il déclaré.
Mais pour d’autres pays, la dette deviendra insoutenable et ils devront restructurer ces prêts, a-t-il dit, notant qu’environ 60% des pays à faible revenu sont déjà confrontés ou sont à haut risque de surendettement.
Pendant la pandémie de Covid-19, le Groupe des 20 a adopté un cadre commun pour ouvrir la voie à une restructuration ordonnée de la dette, mais seuls trois pays ont même demandé un allégement.
“Ce n’est pas encore très réussi, nous avons donc absolument besoin d’un processus plus rapide”, a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que le processus est complexe.
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