Le combat de la dernière chance: à 36 ans Sébastien Bouchard veut décrocher le titre WBC International «pour tout le monde»

Le combat de la dernière chance: à 36 ans Sébastien Bouchard veut décrocher le titre WBC International «pour tout le monde»

Après des années de labeur, de sueur, de sang et de blessures, le boxeur Sébastien Bouchard voit la fin de son parcours dans le ring approcher. Le 7 octobre, à Laval, c’est pour tous ceux qui se sont identifiés à ce cheminement souvent cahoteux de combattant qu’il souhaite décrocher le titre WBC International.

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Pour le pugiliste de Baie-Saint-Paul qui affiche un dossier de 20-2-1 (9 K.-O.), c’est l’occasion d’une vie. Son adversaire montréalais de 26 ans, Mazlum Akdeniz, est invaincu en 18 combats.

« J’aime bien le rôle de négligé et je le suis clairement. Je suis très à l’aise avec ça. Pour tout le monde qui a toujours pensé que je n’irais nulle part, je continue à me battre. J’aimerais ça en ost… que le 8 au matin, ma ceinture soit accrochée dans le salon pour tout ce beau monde-là », a confié Bouchard, cette semaine, avant un entraînement, à Québec.

Pas le gros luxe

Le boxeur de 36 ans parle de tout le monde qui ne croit pas en lui depuis toujours, mais aussi, à l’inverse, de tous ceux qui voient en lui un modèle de résilience et un gars comme eux, qui en arrache avec ses hauts et ses bas.

Par les temps qui courent, ses journées sont consacrées à son entreprise dans le domaine de la construction. Chaque soir, il fait la route de Charlevoix vers son gymnase à Sainte-Foy pour enfiler les gants.

Bouchard, c’est le gars qui a bûché jusqu’à son 12e combat professionnel avant de recevoir son premier contrat. C’est aussi le gars qui a subi deux fois une rupture des tendons dans chacun de ses biceps, dont la dernière fois il y a quatre ans au Centre Vidéotron, en plein combat pour des ceintures NABA.

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« Je ne suis pas l’athlète qui l’a eu facile et les gens sont conscients des problèmes que j’ai eus. La vie est difficile pour tout le monde et les gens s’associent à ça. Ils voient que je suis encore debout et ils restent là. Cette ceinture-là, quand je vais la gagner, elle sera pour tout le monde », a-t-il lancé.

Le temps de voir plus loin

Le pugiliste de Charlevoix a affiché son sérieux habituel à l’entraînement, malgré les longues heures de travail au quotidien avec son entreprise dans le domaine de la construction.

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC

Les 20 dernières années dans la vie de Bouchard ont été consacrées à la boxe. S’il se dit « bagarreur dans l’âme » et qu’il se verrait boxer « jusqu’à 75 ans », Bouchard réalise néanmoins que la fin approche.

Il ne cache pas qu’avec une épouse et trois jeunes enfants, les maigres pitances qu’il récolte en bourses ne valent pas les sacrifices que son sport lui impose physiquement et familialement.

« Si je pouvais encore avoir une influence sur la qualité de vie de ma famille en me battant pour des grosses bourses, je continuerais. Là, c’est difficile pour tout le monde et ça ne donne pas grand-chose au bout », a dit candidement celui qui assure que même ce combat pour un titre ne lui permettra pas de toucher une somme vraiment intéressante.

« Non, absolument pas ! Je vais recevoir un montant pas pire, mais tu donnes un pourcentage à un et à un autre. Tu perds des heures d’ouvrage. Quand tu comptes tout, il n’en reste vraiment pas beaucoup. Quand j’étais seul, je me disais que ce n’était pas important. Là, il y a du monde qui compte sur moi et il faut que je mette du pain sur la table. »

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Bouchard lance souvent, mi-blagueur, que lorsqu’il quitte un amphithéâtre après un combat, il est « le seul qui doit encore 20 piasses à quelqu’un». L’anecdote fait sourire, mais elle reflète tout de même les grandes inégalités du milieu de la boxe, où le pactole demeure réservé à l’élite.

« Je n’ai jamais prétendu être un Sidney Crosby, mais je suis un Steve Bégin, un bon gars de troisième trio qui ne tourne pas les coins ronds. Je me suis rendu là parce que je suis un professionnel dans tout ce que je fais. Par contre, un gars de troisième trio au hockey, ça ne gagne pas des peanuts », a-t-il constaté.

Une rare opportunité


Sébastien Bouchard attend l'opportunité de se battre pour un titre majeur depuis 2019, quand une blessure en plein combat l'avait contraint à arrêter.

Sébastien Bouchard a passé des heures à se préparer pour l’affrontement face à son rival Mazlum Akdeniz.

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC

Ce qui continue de motiver Bouchard malgré tout, c’est justement les rares opportunités, dont celle qu’il va vivre le 7 octobre à la Place Bell.

« Le titre international, c’est le plus gros avant un championnat du monde. Je l’ai attendu longtemps, ce combat-là. Ils veulent faire méné mon adversaire, mais moi, je suis le vieux routier qui arrive là pour briser ses rêves. Je suis le casseux de party et le Bonhomme Sept Heures va passer le 7 octobre!

« Dans ma tête, je gagne, c’est sûr, sûr, sûr! Après, je vois un dernier gros combat, puis peut-être un autre plus petit juste pour saluer tout le monde. Ça fait 20 ans que je fais ça et l’idée d’arrêter me donne le vertige, mais il y a tellement de sacrifices que les gens ne voient pas », a-t-il souligné.

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Lors de son long entretien avec Le JournalBouchard a maintes fois pris soin de saluer la patience de sa compagne de vie. Sans avoir entendu la moindre parcelle de reproche de sa part, il sent tout de même qu’il lui en doit une.

« En près de 20 ans elle n’a jamais dit un mot, mais c’est moi qui commence à prendre conscience qu’il y a beaucoup plus de contre que de pour à continuer. Même si je vis mon rêve, un moment donné, il faut que je sois intelligent et que je fasse les bons choix pour eux autres », a-t-il conclu en faisant référence à son cocon familial.

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