La revue Viewing Booth – voir, c’est croire au conflit israélo-palestinien | Films documentaires

EMême s’il essaie de garder un air cool et scientifique, le réalisateur israélien Ra’anan Alexandrowicz laisse finalement échapper un pincement au cœur au terme de cet intéressant test géopolitique de Rorschach. Alexandrowicz s’assied studieusement derrière un moniteur alors qu’il invite une succession de volontaires à entrer dans un stand adjacent. Là, ils ont le choix entre 40 clips à regarder, des extraits de la vie en Israël, tandis qu’il leur demande de partager leurs réflexions sur ce qu’ils voient. La moitié des clips proviennent de sources israéliennes de droite ; l’autre moitié provient de B’Tselem, une organisation israélienne de défense des droits humains qui vise à documenter les abus de pouvoir dans les territoires palestiniens.

Alexandrowicz se concentre rapidement sur la pensive Maia, une juive américaine qui soutient Israël, mais apporte un scepticisme insistant à tout ce qu’elle regarde. Il est le réalisateur de documentaires pro-Palestine tels que The Inner Tour (2001) et The Law in These Parts (2011) – et la considère comme son public idéal : une possible convertie.

De la sympathie qu’elle affiche en regardant des abus flagrants tels qu’un soldat donnant des coups de pied à un enfant de la rue, cela semble être un espoir réaliste. Mais il est vite évident que Maia filtre tout par biais de confirmation. Lorsqu’un enfant semble mal se souvenir de son propre nom dans une vidéo B’Tselem d’une perquisition à domicile par des soldats israéliens, elle se demande si cela a été mis en scène.

En même temps qu’elle interroge l’agenda des cinéastes, Maia est également consciente de ses propres distorsions possibles, qui découlent d’un désir de croire que les actions israéliennes sont justifiées. Au-delà du contexte moyen-oriental, c’est le genre de diligence raisonnable – un état de vigilance permanent sur le cinéaste et le spectateur, leurs intentions et leurs bagages – que notre époque saturée d’informations exige de nous tous.

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Alexandrowicz ramène Maia, avec une nouvelle coupe de cheveux élégante, pour une deuxième session, pour revoir les images et ses propres réactions initiales. Mais elle redouble d’efforts en disant: “Parfois, lorsque vous remettez en question vos croyances et que vous trouvez de meilleures réponses, elles renforcent encore plus vos croyances.” Le réalisateur, sur le pied arrière, s’accroche à peu près à son sang-froid.

Ce n’est pas seulement un cours accéléré précieux sur l’herméneutique de l’ère numérique, c’est un défi lancé aux cinéastes ayant une croyance ancienne en la vérité.

Le Viewing Booth est dans les cinémas à partir du 18 juin.

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