NDLR – L’humoriste Julien Lacroix a quitté la scène publique à la suite d’allégations de violences sexuelles rapportées dans Le Devoir il y a plus de deux ans. Récemment, un dossier controversé de La Presse+ et du 98,5 revisitait les témoignages des victimes et ouvrait la voie au retour de l’humoriste. Le Journal était le seul quotidien autorisé à assister à son retour sur scène.
Devant la porte du Café Impérial Torréfacteur, dans le secteur Angus de Rosemont, un gardien de sécurité en uniforme attend les bras croisés à l’entrée et vérifie scrupuleusement les noms des spectateurs et les billets obtenus.
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La trentaine de détenteurs de billets ont appris l’adresse exacte du spectacle de Julien Lacroix 24 heures plus tôt seulement, pour parer à une éventuelle manifestation d’hostilité aux abords du café.
« En écoutant Tout le monde en parle avec les journalistes qui revisitaient le cas Lacroix, ça m’a rappelé qu’il y a toujours trois côtés à une médaille, l’endos, l’endroit et le milieu, tout n’est pas tout noir ou tout blanc », me dit Lyne Lalancette, 56 ans, de Terrebonne.
« Il me semble qu’il mérite sa chance de se relever. »
Le visage d’une spectatrice me rappelle quelque chose : « Je suis Alice Payer, me dit-elle. Je suis celle qui a été présentée comme une victime de Julien Lacroix, alors que je n’en ai jamais été une. »
« C’est un immense soulagement pour moi parce que ça met fin à deux ans et demi d’hypocrisie à gonfler une liste sur laquelle je n’aurais pas dû me trouver. »
Une formule particulière
Habitué aux grandes scènes avant sa débâcle, Julien Lacroix affrontait un premier public en version miniature et, franchement, conquis d’avance.
« C’est fucké, hein ? Je ne sais pas ce que vous pensez de moi ou qui vous êtes, mais on va essayer d’avoir du plaisir », a dit Lacroix aux spectateurs qui pouvaient lui écrire leurs questions sur des papiers.
Sans surprise, celles-ci avaient presque toutes trait à ses turpitudes des dernières années.
« Comment t’es-tu senti lors de la parution du premier article ? »
L’humoriste avait bien sûr prévu cette question et sa réponse était ponctuée de blagues bien rodées.
« Je n’ai pas arrêté d’écrire pendant deux ans parce que je n’avais rien d’autre à faire. »
Il a raconté l’expérience de sa proscription sociale de son propre point de vue, une chose qu’il sera certainement appelé à faire encore de nombreuses fois, surtout lorsqu’il acceptera les invitations aux émissions de télévision.
Toujours le même
Le Julien Lacroix d’aujourd’hui est-il différent de celui qu’il était en 2020 ?
Je ne prétends pas à une quelconque expertise en la matière, mais il m’a semblé que… non.
Son humour demeure du type rentre-dedans et est volontiers salace.
Parmi les thèmes épineux abordés : le fait de grandir comme adolescent avec un accès à la pornographie.
Son monologue sur sa sobriété n’était pas dépourvu de moments sérieux et touchants, un texte habilement construit.
Pendant ce sketch, sa manière d’interagir comiquement, mais respectueusement, avec un spectateur clairement très éméché, était impressionnante.
« Où te vois-tu dans un an ? », était-il écrit sur l’un des papiers.
« J’espère pouvoir faire mon travail sans avoir peur », a répondu l’humoriste.
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