Football : l’équipe féminine de Terre Nouvelle (Mouscron) part à la conquête des Alpes

Entre-temps, la Homeless Cup s’appelle désormais Younited, mais sa vocation n’a pas changé: permettre à des personnes sans-abri, démunies ou à l’écart de retrouver le droit chemin grâce au ballon rond. “J’ai arrêté temporairement le football quand j’ai eu mes enfants, mais faire partie de cette équipe, c’est un besoin“, avoue Kelly. “Quand on arrive à l’entraînement, on oublie tout le reste. C’est inexplicable mais c’est comme rentrer dans une bulle qui nous protège. “

La Mouscronnoise a intégré l’équipe lors de son passage au foyer Terre Nouvelle, alors qu’elle n’avait plus d’endroit où aller.

Depuis, elle a repris le fil de sa vie et retrouvé confiance. Mais elle n’abandonne pas ses coéquipières. “Quand j’étais à la maison d’accueil, le football m’a sorti de ma torpeur et me fait encore beaucoup de bien aujourd’hui. “

Surprise de taille, Kelly a reçu un maillot, un short, des chaussettes et un survêtement aux couleurs de la Belgique. “C’est une fierté de porter ce blason et ça renforce notre ambition. Le tournoi sera une belle parenthèse, mais personnellement, j’y vais avec l’objectif de gagner des matchs. Il faut avoir un minimum d’esprit de compétition“, assume Kelly.

Entraide et fair-play

L’équipe est coachée par Marina Jeumer et Vincent Broucke, deux éducateurs de Terre Nouvelle. Les deux travailleurs sociaux encadrent le groupe qui partira vendredi matin pour mettre le cap sur l’Isère. “La plupart des joueuses n’ont jamais eu l’occasion de quitter la Belgique. Elles ont l’opportunité de vivre une belle expérience “, précise Marina, encadrante de l’équipe féminine depuis sa création, en 2016.

À ses femmes passées par Terre Nouvelle ou qui y sont encore, le ballon rond leur inculque les belles valeures du sport: l’assiduité à l’entraînement, le respect de ses engagements, l’entraide et la solidarité entre les membres d’une équipe. “Au-delà de la performance, on veut surtout mettre en avant ces valeurs-là, travailler sur le collectif, et le fair-play, rappeler aussi que les joueuses sont sélectionnées parce qu’elles ont la volonté de s’en sortir“, avoue Vincent Broucke.

Le seul objectif sportif avoué ? “Battre les Françaises”, plaisante (à peine) l’éducateur. Dix nations se réunissent à Grenoble, dont la Suisse, la Hongrie, la Suède ou le Mexique. Peu importe le résultat de ces deux jours de compétition: l’essentiel pour la délégation mouscronnoise est de revenir avec des images plein la tête, des souvenirs à raconter et la satisfaction de donner le meilleur de soi-même. “Si en plus, on arrive à casser certains clichés autour de la précarité et à mettre en avant la ténacité de nos joueuses, c’est l’essentiel. Toutes ont en commun le fait d’être ou d’avoir été sans logement. Les préjugés s’arrêtent là, sur le banc de touche…“