- Guy Delauney
- BBC Nouvelles de Belgrade
Les drapeaux rouges ont commencé à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade et se sont poursuivis le long de l’autoroute jusqu’au centre de la capitale serbe.
La Serbie accueille ainsi Xi Jinping à Belgrade et montre en même temps sa fierté pour cette « amitié de fer ».
À la porte ouest, également connue sous le nom de tour Genex, la tour entière est recouverte du drapeau national chinois.
Par coïncidence, il y avait à côté un panneau publicitaire pour le fabricant chinois d’appareils électroménagers Hisense. Hisense a ouvert l’année dernière une usine de réfrigérateurs à Valjevo, dans l’ouest de la Serbie.
L’itinéraire de Xi Jinping est assez surprenant dans certaines régions d’Europe. Après tout, la Serbie est rarement l’une des trois étapes d’un voyage d’un dirigeant international aussi important.
Mais la Serbie a approfondi ses liens avec la Chine ces dernières années, alors même que le pays continue de faire avancer les négociations pour adhérer à l’Union européenne.
Xi Jinping profitera probablement de son voyage pour critiquer l’OTAN. Sa visite coïncide avec le 25e anniversaire de la frappe aérienne américaine contre l’ambassade chinoise à Belgrade. Dans un éditorial du journal serbe Politika, Xi Jinping a clairement indiqué que l’émotion suscitée par l’incident restait vive.
“Nous ne devons jamais oublier”, a-t-il écrit, “que le peuple chinois tient à la paix, mais nous ne permettrons jamais à une histoire tragique de se répéter”.
Une telle rhétorique trouverait un écho auprès des Serbes, qui s’opposent massivement à l’adhésion à l’OTAN. C’est l’un des principaux facteurs qui expliquent pourquoi cette étape de la tournée européenne de Xi Jinping est si importante.
Les relations d’affaires sont également un facteur. Les deux pays ont signé un accord de libre-échange l’année dernière, s’appuyant sur un « partenariat stratégique global » établi en 2016, l’année de la dernière visite de Xi Jinping en Serbie.
Li Ming, ambassadeur de Chine en Serbie, a déclaré que le volume du commerce bilatéral entre la Chine et la Serbie est passé de 596 millions de dollars en 2016 à 4,35 milliards de dollars en 2023. La Chine affirme qu’elle deviendra la plus grande source d’investissement direct de la Serbie en 2022. Parmi les entreprises chinoises qui investissent et construisent des usines ici figurent Hisense, Zijin Mining et Linglong Tire.
Les données des Nations Unies classent en fait la Chine comme la cinquième source d’investissements directs étrangers en Serbie, devant l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis et la Russie.
Néanmoins, les investissements chinois restent intéressants et devraient augmenter. La Serbie vient de recevoir le premier lot de trains électriques chinois à grande vitesse. Ils circuleront à terme aux côtés des trains de fabrication suisse sur la ligne ferroviaire Belgrade-Budapest.
Et ce n’est que le début. Le ministre serbe de l’Infrastructure, Goran Vesic, a déclaré que les partenaires chinois seraient également impliqués dans la construction d’autres infrastructures, notamment des routes, des ponts, des tunnels et le traitement des eaux usées. “Il y a en effet beaucoup de possibilités de coopération avec les entreprises chinoises”, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision publique serbe RTS.
Il n’est pas étonnant que le président serbe Aleksandar Vucic envisage de servir personnellement le meilleur vin de Serbie à son homologue chinois lors d’un banquet pour Xi Jinping.
Vucic a déclaré à la télévision centrale de Chine que le vin serbe « n’est pas aussi cher que le vin français » et qu’il pensait que le président Xi « aimerait » les vins qu’il a sélectionnés.
Il s’agissait peut-être d’une légère pique envers Emmanuel Macron, qui a accueilli le président Xi lors de la première étape de sa tournée européenne. Le président français a présenté une bouteille de cognac Louis XIII, vendue jusqu’à 5 000 euros à Belgrade.
L’offensive de charme de Macron et de la présidente de la Commission européenne von der Leyen comprend également un voyage dans les Pyrénées – Macron et von der Leyen ont imploré Xi Jinping d’assurer un commerce plus équilibré avec l’Europe et d’influencer le président russe Vladimir Poutine pour qu’il mette fin à la guerre en Ukraine.
Après Belgrade, la prochaine étape du président chinois sera Budapest, où il rencontrera le Premier ministre hongrois Viktor Orban, son plus fidèle allié parmi les dirigeants de l’UE.
Les investissements chinois y sont également un facteur important – les projets d’usine du géant de la voiture électrique BYD en font partie – et ils soutiennent le consensus d’Orban pour boycotter l’UE sur des questions allant de l’immigration à la fourniture d’armes à l’Ukraine.