“Nassara” : quand la réalité rencontre la fiction

Nassaraest l’histoire d’une femme blanche bouleversée par sa rencontre avec un jeune Burkinabé, que personne n’écoute et à qui on ne donne jamais la parole. En effet, l’acteur malien Moussa Sidibé, qui allait incarner le jeune homme dans la pièce présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, ne pourra pas monter sur scène, son visa pour le Canada lui ayant été refusé à trois reprises.

Sophie Cadieux, qui a signé la mise en scène, a choisi malgré tout de faire entendre la voix de l’acteur. « Au début, j’ai choisi Moussa Sidibé parce qu’il est exceptionnel. Il y a eu trois refus simplement parce que c’est un jeune Africain, mais il m’était impossible de le décevoir. »

L’ouvrage de Carole Fréchette raconte la rencontre, lors d’une conférence sur l’agriculture urbaine en Afrique, entre une femme (Marie-Thérèse Fortin), qui vit plusieurs deuils et une perte d’orientation, et un Burkinabé de 18 ans, lui aussi complètement perdu dans sa propre ville.

« Pour incarner ce jeune homme qui ne parle jamais et qui veut parler, sans même savoir quoi dire, j’ai décidé de rester avec Moussa. Je pense que le simple fait d’entendre sa voix, en plus de son absence, ajoute du sens à la pièce. Nous ne pouvions pas le remplacer, c’est exactement le sujet de la pièce.”


FOTO CORTESÍA, Valérie Remise

Un point humaniste

Sophie Cadieux avoue qu’elle a été littéralement prise dans le texte de cet ouvrage dès sa première lecture.

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« Je l’ai lu à voix basse et j’ai immédiatement accepté l’invitation de le mettre en scène. J’avais l’impression d’être dans un film d’action et de suspense, et en même temps dans un roman avec une narration omnisciente entre ce que je vois, ce que je ressens et ce que le personnage décide de me montrer”.

Elle décrit l’écriture de la pièce comme fascinante et très sensuelle pour évoquer la vie quotidienne du Burkina Faso.

« Comme Carole Fréchette est une fine observatrice, on sent à travers son écriture qu’elle est marquée, par exemple, par la présence d’enfants qui courent dans la rue en lui criant « Nassara », qui signifie femme blanche en mooré. Autant elle se sentait étrangère, autant elle se sentait la bienvenue. Il parle beaucoup de la chaleur des gens.”


FOTO CORTESÍA, Valérie Remise

En plus des deux personnages, le spectateur sera dirigé par un narrateur, en la personne de Stephie Mazunya.

« Il apporte un pouvoir d’évocation et pourrait représenter la position de l’Africain Québécois. J’ai trouvé intéressant que la narration soit aussi comme un griot, une sorte de narrateur de cette tradition ».

Vers l’autre

Sophie Cadieux parle de ce projet comme d’un pas vers d’autres cultures. Normalement, la pièce aurait dû faire une tournée dans plusieurs pays africains.

“C’est très humble que nous racontions cette histoire qui est plus pour rassembler, et non pour diviser ou montrer que quelqu’un connaît la vérité. J’aime l’idée que nous puissions être ensemble pour penser et parler du monde. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions en étant vraiment à l’écoute les uns des autres et en offrant nos points de vue à chacun. »

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“Nassara”, de Carole Fréchette, dirigida por Sophie Cadieux, y con Marie-Thérèse Fortin, Stephie Mazunya y Moussa Sidibé, se presenta hasta el 25 de septiembre, en el Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

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