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Au cours des dernières décennies, j’ai observé un cycle quasi continu de tromperie politique dont mes collègues anciens combattants semblent être victimes. La voici : les politiciens insistent presque universellement sur le fait que nous sommes importants et que nous méritons une attention particulière et des aménagements en matière de prestations d’invalidité. Mais dans la réalité politique d’aujourd’hui, nous n’avons aucune importance.
Pour apporter un réel changement, les anciens combattants comme moi doivent prendre conscience de la vérité selon laquelle, quel que soit le parti au pouvoir, nous ne sommes pas politiquement pertinents.
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De même, nous devons transformer nos modèles traditionnels de déférence politique et de confiance envers nos politiciens en moyens d’auto-représentation juridique plus coordonnés et apolitiques.
Le jour du Souvenir, les distinctions ringardes et les engagements en matière de soins seront abondants dans les discours et les publications sur les réseaux sociaux de presque tous les partis politiques. Mais le 12 novembre prochain, alors que les coquelicots et les couronnes faneront sur les cénotaphes, toute action concrète visant à aider les anciens combattants qui ont besoin de soutien fera de même.
Le problème vient de notre attitude toujours obséquieuse envers les élus : nous pensons qu’ils nous soutiendront en fait en tant que groupe minoritaire ayant des besoins spéciaux. À l’approche de chaque élection, nous, anciens combattants, nous plaignons avec véhémence contre le gouvernement au pouvoir. Et parce que nous sommes des accessoires sentimentaux pratiques, les politiciens, en particulier ceux de l’opposition, sont heureux d’intégrer les discussions sur notre importance dans leurs campagnes. Des promesses de meilleurs services, jamais vraiment destinées à être tenues, sont faites.
Stephen Harper et Justin Trudeau ont suivi ce modèle, à des degrés divers.
Nous, les anciens combattants, sommes également responsables de cette situation. Nous continuons de supposer que, dans les années 2020, nous devrions avoir le même poids démographique et politique que celui qu’avait la génération de notre père ou de notre grand-père après 1919 ou après 1945. Pourtant, même si nous avons gagné le même respect, il n’existe tout simplement pas.
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Il était tout à fait logique, sur les plans électoral et démographique, que les gouvernements précédents se montrent généreux et proactifs en aidant la cohorte colossale d’anciens combattants votants et leurs familles après 1919, et surtout après 1945, alors que de nombreux anciens combattants de la Première Guerre mondiale étaient encore en vie et atteignaient leurs dernières années alors qu’un nouvelle cohorte d’anciens combattants revenus de la Seconde Guerre mondiale. Ce poids politique démographique traditionnel a pratiquement disparu.
Il n’y a aucun avantage politique pour un gouvernement à accroître le financement et l’aide aux anciens combattants comme moi. Les anciens combattants d’aujourd’hui, comme le reste de la population, vivront beaucoup plus longtemps que par le passé. Financièrement, cela signifie que cette petite cohorte politiquement insignifiante de personnes dépendantes pour des raisons médicales aura de plus en plus besoin d’une aide gouvernementale à mesure qu’elles vieillissent. Comme pour certains assureurs privés, il est dans l’intérêt budgétaire d’Anciens Combattants Canada de brouiller, de refuser et de réduire le soutien, en particulier si le client est perçu comme étant juridiquement faible et peu susceptible de faire appel efficacement. Au moment des élections, les soins aux anciens combattants, axés sur une petite partie de la population, ne domineront pas les autres soins de santé et questions connexes.
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C’est une pilule amère et blessante à avaler. Mais la guerre n’est pas perdue. Au lieu de cela, la stratégie collective des anciens combattants doit évoluer vers une stratégie d’auto-représentation juridique nationale cohérente.
Il n’en demeure pas moins que le gouvernement a le devoir de prendre soin d’aider adéquatement les anciens combattants souffrant d’invalidités liées au service. Mais il appartient aux anciens combattants d’aujourd’hui d’ajouter une substance juridique réelle à ce que signifie cette obligation de diligence. En effet, de réels changements positifs pour les anciens combattants ont eu lieu ces dernières années grâce aux tribunaux. Le moment est peut-être alors venu pour les anciens combattants de mettre en commun et de concentrer leurs ressources hors du cycle électoral et vers le domaine judiciaire et des tribunaux des droits de la personne.
De plus, des manifestations publiques coordonnées et très médiatisées menées simultanément par des milliers d’anciens combattants ajouteront une attention publique positive indispensable. Mais seulement si cela est fait de manière pacifique, civile et respectueuse. Pas de rediffusion de la manifestation des camionneurs de 2022, s’il vous plaît !
Il est peut-être également temps pour les anciens combattants de former une organisation de défense des anciens combattants forte, nationale et apolitique. Oui, de nombreux groupes d’anciens combattants et organismes de bienfaisance tentent déjà d’aider. Mais il est peut-être temps qu’une association nationale d’anciens combattants de premier plan devienne la voix juridique unique, forte et apolitique unificatrice des anciens combattants et de leurs droits. Cela dépend de nous.
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Le plaidoyer/association collectif, les recours collectifs et autres initiatives juridiques de grande envergure tiendront les politiciens sur le feu bien plus que l’obtention d’un énième cycle de promesses politiques recyclées.
Robert Smol est un officier du renseignement militaire à la retraite qui a servi dans les Forces armées canadiennes pendant plus de 20 ans. Il travaille actuellement comme parajuriste et professionnel de la sécurité tout en complétant un doctorat en histoire militaire. Contactez-le à : [email protected]
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