Le métaverse : un énorme défi de réseau et de connectivité

Le métaverse est appelé à devenir une réincarnation virtuelle de la société de consommation dans un format numérique. Et finalement, cela résoudra les limites d’un monde virtuel en deux dimensions. Nos écrans, même avec les dernières technologies de réalité augmentée et les effets visuels haut de gamme, restent toujours plats. Et les gens n’interagissent qu’avec leurs yeux. Le métaverse, cependant, ajoutera des mains à une personne, peut-être un corps, ainsi que des mouvements qui peuvent refléter des pensées. Cela signifie que le “comportement” dans cet environnement deviendra plus naturel.

D’autre part, les limitations technologiques réduisent le métaverse actuel à un reflet extrêmement pauvre du monde réel. Mais cela dit, en cette ère de blocages, de peurs et d’anxiétés liés au COVID-19, les gens sont certainement devenus plus dépendants et réceptifs aux communications à distance, ce qui inclut l’exploration précoce du métaverse. Pour les entreprises, celles qui agissent rapidement et prennent de l’avance sur la courbe d’adoption, cela signifie d’excellentes opportunités de créer de nouvelles sources de revenus.

L’une des grandes questions est de savoir s’il y aura un univers métavers global ou plusieurs ? Pour le moment, il existe plusieurs versions du métaverse et toutes sont assez basiques. Ainsi, plusieurs formats vont se battre pour la domination dans cette nouvelle révolution technologique. Dans les années 1980, la VHS l’a emporté sur Betamax. Ensuite, il y avait les CD et les DVD, et les mpeg/mp3. À chaque fois, la lutte des formats n’était qu’une bataille entre des entreprises concurrentes. Nous voyons la même chose avec les smartphones, par exemple, avec iOS et Android. Le métaverse ne sera pas différent.

Le passage de Facebook au changement de marque Meta et au métaverse est un signal de la taille de cet espace. Mais Facebook ne le dominera certainement pas. Les concurrents apparaîtront bientôt. Étant donné que nous en sommes aux tout premiers stades du développement du métaverse, il existe une opportunité pour les compagnies de téléphone/services de télécommunications (telcos) de regagner des opportunités perdues et d’approfondir le côté réseau et la fourniture de services de métaverse, et également de récupérer une partie de leur capital investissement dans la 5G. Et certains vont déjà dans ce sens.

Boucle inversée

Mais à proprement parler, la 5G et le métaverse ne sont en aucun cas liés. À l’ère des réseaux convergés et hétérogènes, il n’y a aucune différence à quel point le client est connecté et quel transport est utilisé pour transférer les informations d’un point à un autre. La 5G n’est qu’une des technologies qui se développe assez lentement à travers le monde. Et ce n’est qu’un élément d’une solution de connectivité plus large. D’autres éléments incluent la réduction des coûts des canaux fixes, la création de réseaux maillés, etc.

Cela dit, nous verrons certainement l’avènement de la 6G, et même de la 10G, car les avancées numériques telles que le métaverse ont tendance à accélérer l’évolution des formats technologiques. Cela dit, la vitesse à laquelle les nouvelles technologies vont émerger dans les opérateurs de télécommunications, par exemple, répond en partie au besoin croissant de consommation de trafic et à la croissance des contenus à forte intensité de données, y compris la réalité augmentée et la réalité virtuelle, qui est l’essence même du métaverse.

Mais il y a aussi une boucle inversée. Lorsque l’infrastructure est améliorée, elle permet de développer de nouveaux produits et de nouvelles façons d’utiliser les technologies. Cela va au-delà du contenu virtuel ; par exemple, les voitures autonomes et l’idée de développer des routes qui facilitent cela, n’étaient pas possibles lorsque nous utilisions les réseaux 3G.

Gouffre de la réalité

Aujourd’hui, il y a un gouffre entre le battage médiatique du métaverse et sa réalité. Si nous regardons les technologies d’aujourd’hui et la construction de nouvelles infrastructures qui piloteront et créeront un métaverse riche en fonctionnalités qui simule avec précision la vie réelle, la situation n’est pas particulièrement prometteuse. Il existe également d’autres facteurs tels que les consommateurs qui ne sont pas prêts à payer plus pour le prix d’accès au trafic à forte intensité de données requis pour le métaverse.

De plus, les gouvernements n’investissent pas dans les entreprises privées, de sorte que les opérations telles que les opérateurs de télécommunications privés sont entravées par le fait que les dépenses en capital dans de nouvelles infrastructures ne fournissent pas un retour sur investissement rapide. Il y a très peu de croissance immédiate des revenus et il peut s’écouler des décennies avant que les opérateurs de télécommunications, par exemple, n’obtiennent des rendements substantiels.

Pourtant, le métaverse est le prochain grand défi de connectivité et d’infrastructure réseau dans l’évolution d’Internet. Dans un monde où les graphiques devront être rendus à l’écran en réponse directe à l’endroit où quelqu’un se concentre via son casque, les choses devront se déplacer d’un ordre de grandeur plus rapidement, ce qui nécessite une latence en millisecondes à un ou deux chiffres. Cela nécessitera de vastes améliorations de la capacité et des changements fondamentaux dans la façon dont les réseaux sont architecturés et déployés, ce qui signifiera une énorme collaboration à l’échelle de l’industrie couvrant les entreprises technologiques, les opérateurs de réseaux mobiles, les décideurs politiques et tout le monde entre les deux.

Comme nous l’avons vu, en examinant les opérateurs de télécommunications en général, nous n’en sommes pas encore là – c’est pourquoi Meta (Facebook) a investi dans tout, des câbles sous-marins et des satellites aux drones autonomes diffusant sur Internet. Bien que nous puissions considérer le métaverse comme des applications, il s’agit en fait d’une infrastructure.

Partenaires de la première heure

Nous avons vu Meta s’associer au géant des télécommunications Telefónica pour construire quelque chose qu’ils appellent le Metaverse Innovation Hub à Madrid. L’objectif est d’accélérer la préparation du réseau et des appareils grâce à diverses initiatives d’essais et de tests. En plus de fournir aux startups et développeurs locaux un accès à un laboratoire 5G, où ils pourront utiliser un banc d’essai métavers de bout en bout sur l’infrastructure et l’équipement réseau de Meta et Telefónica.

Cela dit, de nombreuses entreprises qui peuvent influencer le développement du métaverse n’en sont tout simplement pas encore là. Telefónica est grande, a les poches pleines et doit investir dans l’avenir. D’autres bougent aussi. China Mobile, Verizon et SK Telecom ont agi rapidement pour créer des plates-formes fondées sur la fusion du monde numérique avec des environnements réels alors qu’ils cherchent à récupérer les investissements 5G, mais ce n’est que le début.

Mais il est impossible de récupérer les investissements 5G uniquement grâce aux frais de trafic. Les consommateurs ne sont plus disposés à payer pour le trafic. De plus, les régulateurs ne soutiennent généralement pas la hausse des prix des services de base, et l’accès à Internet est désormais un besoin fondamental. Les opérateurs de télécommunications doivent absolument rechercher de nouveaux modèles commerciaux et de nouveaux flux commerciaux pour rentabiliser leur investissement dans la 5G. Peut-être que des alliances avec des entreprises de commerce électronique peuvent aider. Après tout, Facebook, Amazon et eBay ne paient plus rien pour que leurs consommateurs accèdent à leurs places de marché. Cela pourrait éventuellement changer à mesure que la réalité virtuelle deviendra la nouvelle réalité.

Nouvelle réalité des revenus

L’infrastructure métaverse construite devrait générer des revenus à partir de nouveaux flux commerciaux. Autrement dit, le retour sur investissement ne devrait pas résulter du transfert d’une partie des revenus de l’ancienne infrastructure vers la nouvelle, mais plutôt de la création d’un nouveau mode de consommation. Un exemple simple est la création d’une route pour les voitures autonomes avec des utilisateurs payant pour se déplacer sur la route.

Par exemple, un métaverse peut avoir une inscription payante dans laquelle les utilisateurs s’inscrivent pour devenir membre. Dans ce cas, les revenus sont générés pour l’investisseur dans l’infrastructure, et non pour le propriétaire du contenu dans le métaverse. La redevance pour les débits de données garantis, lors d’une conférence d’affaires, par exemple, devrait également revenir au propriétaire de l’infrastructure, et non à l’opérateur de la plate-forme de communication. Il existe également de nombreux autres exemples.

La question pour les opérateurs de télécommunications est de savoir s’ils tenteront de reprendre le contrôle à la fois des consommateurs et des services qui accèdent au réseau métaverse. Et bien sûr, cela dépend de la précocité de leur entrée sur le marché et du travail fondamental dans lequel ils pourraient investir pour aider à développer le métaverse.

Vlad Dobrynin est fondateur et PDG de Humains.