L’Organisation météorologique mondiale (OMM) prédit que nous sommes sur le point de voir le premier La Niña à « triple creux » du siècle, couvrant trois hivers consécutifs dans l’hémisphère Nord. L’organisation a publié aujourd’hui une prévision avertissant de la tournure inhabituelle des événements : l’actuelle La Niña, un phénomène météorologique qui peut provoquer des conditions météorologiques extrêmes, persistera probablement au cours des six prochains mois jusqu’en 2023.
“Il est exceptionnel d’avoir trois années consécutives avec un événement la Niña”, a déclaré le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué de presse. Le phénomène devrait continuer à alimenter le mauvais temps dans les coins les plus reculés du monde.
La Niña apparaît généralement tous les deux à sept ans, durant généralement un an ou moins. Il se déploie à travers l’océan Pacifique, mais ses effets peuvent être ressentis dans le monde entier. Avec El Niño, c’est l’une des phases extrêmes de l’oscillation El Niño-Sud (ENSO), un modèle climatique récurrent.
Lors d’un épisode La Niña, des alizés exceptionnellement forts soufflent des eaux de surface chaudes des Amériques vers l’Asie. Ensuite, du fond de la mer, de l’eau plus fraîche monte, entraînant un effet de refroidissement dans le centre et l’est de l’océan Pacifique tropical. Les conséquences de ce phénomène varient d’une région à l’autre et ne sont jamais tout à fait les mêmes chaque année, mais La Niña a généralement les effets opposés d’un événement El Niño. L’Australie a tendance à recevoir plus de pluie, par exemple, tandis que l’Afrique de l’Est est généralement plus sèche que la normale.
Cet événement particulier de La Niña a commencé en septembre 2020. Depuis lors, sa « marque de fabrique » a été observée dans des événements météorologiques anormaux à travers le monde, selon Taalas. Cela inclut la plus longue sécheresse en quatre décennies à avoir frappé la Corne de l’Afrique. Face à cinq saisons des pluies sèches consécutives, plus de 50 millions de personnes dans sept pays s’étendant à travers l’Afrique de l’Est – de l’Érythrée au Kenya et à la Somalie – devraient connaître l’insécurité alimentaire cette année, selon un rapport soutenu par les Nations Unies. Les dernières prévisions concernant La Niña confirment que la sécheresse actuelle continuera de s’aggraver, a déclaré Taalas.
En Australie, en revanche, La Niña a alimenté des précipitations record. La semaine dernière, les pluviomètres de Sydney ont enregistré plus de deux mètres (6,56 pieds) de pluie depuis le début de cette année. C’est la première fois que la ville atteint ce niveau aussi tôt dans l’année depuis le début de la tenue des registres il y a 164 ans. De graves inondations ont frappé certaines parties de la Nouvelle-Galles du Sud, où Sydney est la capitale de l’État, tout au long de l’année.
Le changement climatique est également en jeu lorsqu’il s’agit d’événements météorologiques plus extrêmes, qu’il s’agisse de sécheresse, d’inondations ou de La Niña. Les recherches indiquent que les événements extrêmes La Niña et El Niño deviendront deux fois plus fréquents – environ une fois tous les dix ans – d’ici la fin du siècle à mesure que les températures mondiales augmentent.
L’OMM prévoit 70 % de chances que cet épisode La Niña persiste de septembre à novembre de cette année. Il y a 55% de chances qu’il persiste de décembre 2022 à février de l’année prochaine.
