WASHINGTON –
Les prix mondiaux du blé et du maïs ont grimpé en flèche mardi après l’effondrement d’un important barrage en Ukraine, ravivant les craintes du marché quant à la fragilité de la capacité du pays à expédier de la nourriture vers l’Afrique, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Asie alors qu’il mène une guerre avec la Russie.
Les prix du blé ont gagné 2,4 % en début de séance mardi sur le Chicago Mercantile Exchange, à 6,39 $ US le boisseau. Le prix du maïs a augmenté de plus de 1 %, à 6,04 $ US le boisseau, et celui de l’avoine a gagné 0,73 %, à 3,46 $ US l’unité. Les prix étaient plus élevés plus tôt dans la journée mais se sont estompés.
La destruction du barrage et de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, qui se trouve dans une zone sous contrôle russe sur le Dniepr, a soulevé des inquiétudes quant à la perturbation des approvisionnements abordables de l’Ukraine en blé, orge, maïs et huile de tournesol pour les pays en développement où les gens sont aux prises avec la faim et les prix élevés des denrées alimentaires.
“Chaque fois que cette guerre montre des signes d’escalade, il y a beaucoup d’inquiétude”, a déclaré Joseph Glauber, chercheur principal à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. “Les marchés réagissent à cela.”
L’Ukraine et la Russie sont toutes deux d’importants fournisseurs agricoles et la perturbation de leurs exportations par la guerre a aggravé une crise alimentaire mondiale liée aux sécheresses et à d’autres facteurs. Des accords révolutionnaires négociés par l’ONU et la Turquie l’année dernière ont permis à la nourriture de traverser à nouveau la mer Noire, mais elle a connu des revers.
La Russie s’est brièvement retirée de l’accord l’année dernière, a menacé de repartir, est accusée de ralentir les expéditions en provenance d’Ukraine et n’a accepté de renouveler l’accord que pour deux mois à la fois.
“Les gens vont regarder pour voir ce qui se passe avec l’accord”, a déclaré Glauber, ancien économiste en chef au département américain de l’Agriculture. “Cela rappelle à tout le monde que ce n’est pas seulement pro forma, que cela pourrait être un développement très sérieux si effectivement l’accord est rompu.”
Il y a d’énormes champs agricoles dans le sud de l’Ukraine où le barrage a éclaté, et bien que l’effondrement ait mis en danger les cultures sur le chemin des eaux de crue, Glauber dit que moins de blé a été planté dans cette région parce qu’elle est proche des combats et que beaucoup pousse ailleurs.
L’effondrement a menacé l’approvisionnement en eau potable, les responsables mettant également en garde contre une catastrophe environnementale imminente – pointant du pétrole s’échappant de la machinerie du barrage et d’importantes inondations.
Andrey Sizov, directeur général de la société de recherche sur les marchés agricoles de la mer Noire SovEcon, a déclaré que l’effondrement du barrage ressemblait à “une grande escalade avec des conséquences désastreuses et un risque énorme”.
“Cela pourrait n’être que le début de la course haussière”, a écrit Sizov sur Twitter tôt mardi.
Les prix à terme du blé se sont ralliés du jour au lendemain et mardi matin, ils ont perdu de leur vigueur à mesure que la journée avançait. Vers 15 h HE, par exemple, le prix du blé était tombé à 6,27 $ US le boisseau.
Les prix du blé, de l’huile végétale et d’autres produits alimentaires ont chuté par rapport à des records l’an dernier après l’invasion de l’Ukraine par la Russie – en partie grâce à l’accord sur les céréales de la mer Noire – mais la baisse des prix n’a pas atteint les marchés, les épiceries et les tables de cuisine .
Les analystes des matières premières de Citi ont qualifié la rupture du barrage de “rappel du risque inflationniste persistant sur le marché des biens”.
Il est possible que des hausses temporaires des prix suivent des événements importants, comme l’effondrement du barrage, selon les analystes.
Mais les circonstances sont essentielles – et les attentes concernant les exportations alimentaires de l’Ukraine “continueront probablement à diminuer car nous reconnaissons que la production ukrainienne continuera d’être gravement compromise à cause de la guerre”, a déclaré Joe Janzen, professeur adjoint à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Collège des sciences de l’agriculture, de la consommation et de l’environnement.
L’offre de céréales que l’Ukraine est capable d’exporter est inférieure de 40 % à ce qu’elle était il y a deux ans, a déclaré Glauber.
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Bonnell a rapporté de Londres.
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2023-06-06 19:49:55
