« Ramenez-les » : Appels à ramener les Canadiens de Syrie

« Ramenez-les » : Appels à ramener les Canadiens de Syrie

“Rapporte les!” des militants crient sur des avocats alors qu’ils entrent dans la Cour fédérale à Ottawa, où le juge Henry Brown décidera d’ordonner ou non au gouvernement canadien de rapatrier plus de 40 Canadiens emprisonnés dans le nord-est de la Syrie.

Les avocats représentant les détenus soutiennent que les droits constitutionnels de dizaines de Canadiens ayant des liens présumés avec l’EIIS sont violés alors qu’ils languissent dans des camps de prisonniers sur un territoire que les forces kurdes ont repris à l’État islamique.

La majorité des détenus canadiens sont de jeunes enfants. Elles sont la progéniture d’épouses présumées et de veuves d’extrémistes présumés.

Au moins cinq des détenus sont des hommes soupçonnés de s’être rendus en Syrie et d’avoir rejoint l’État islamique pendant la guerre civile dans le pays, qui a commencé en 2011 et s’est terminée en 2019.

Au tribunal, l’avocat d’Ottawa Lawrence Greenspon, qui représente plus de la moitié des détenus canadiens, a soutenu que les femmes et les enfants «sont détenus sans motif et que les hommes sont détenus sans inculpation».

Selon des documents judiciaires, les femmes et leurs enfants sont détenus dans des camps en plein air à Al-Hol et Al-Roj, tandis que les hommes sont confinés dans des cellules à la prison d’Al-Cherken. Les centres de détention sont contrôlés par les forces kurdes.

Le gouvernement fédéral a déjà rapatrié 3 femmes et quatre enfants, dont Kimberly Polman, qui est sous le coup d’un engagement de ne pas troubler l’ordre public, et une Montréalaise accusée de quatre infractions liées au terrorisme.

’11TH HOUR’ À PROPOS DU VISAGE

Greenspon se demande pourquoi la même chose ne peut pas être faite avec les détenus restants. Il représente 23 Canadiens, dont quatre hommes, six femmes et 13 enfants.

Au tribunal, Greenspon a déclaré que les détenus avaient vu leur droit garanti par la Charte à “la vie, la liberté et la sécurité de la personne violé”. Il a également fait valoir que les Canadiens sont soumis à des peines cruelles et inhabituelles parce que leur détention se poursuit sans date de fin. Greenspon a également souligné que les hommes détenus ont perdu leur droit à une protection égale en vertu de la loi parce qu’Affaires mondiales Canada (AMC) les a exclus d’une apparente politique de rapatriement de la «11e heure».

Dix jours avant le début de l’audience, le 24 novembre, le gouvernement fédéral a envoyé des lettres aux femmes demandeuses de rapatriement, les informant qu’elles et leurs enfants étaient désormais éligibles pour être évalués pour une aide extraordinaire en raison de la « détérioration des conditions » dans les camps. Aucune lettre n’a été envoyée aux hommes canadiens emprisonnés.

Dans les lettres, GAC a reconnu “l’accès limité aux soins médicaux, l’insuffisance de nourriture et d’eau […] ce qui peut être attribué à la montée de la violence » au camp d’Al-Hol. Au camp d’Al-Roj, GAC note que les circonstances sont devenues plus dangereuses en raison du transfert de certains individus et qu’il y a une possible épidémie de choléra.

Malgré leurs préoccupations exprimées dans la lettre, GAC n’a pas fourni de délai pour extraire les Canadiens.

“Le changement arrive si tard dans le jeu, et il est toujours lié au danger sur le terrain […] parce qu’il n’y a pas de délai défini. Que vaut ce brusque changement de visage dans la politique ? demanda Greenspon.

Greenspon dit que les lettres sont un autre exemple de tactique dilatoire et que ce qu’il faut, c’est une action concrète. Il soutient que la Cour fédérale doit ordonner au gouvernement de rapatrier les Canadiens et de délivrer des documents de voyage, puis de nommer un représentant qui sera présent lors de la remise des détenus.

AUCUNE VIOLATION DE LA CHARTE : AVOCAT DE LA FED

Pendant ce temps, l’avocate fédérale Anne Turley a déclaré au tribunal qu’il n’y avait aucune obligation en vertu du droit national ou international de rapatrier les individus. Turley a soutenu que la Charte ne s’applique pas parce que les responsables canadiens ne participent pas activement à la détention, et n’a pas demandé aux forces kurdes de mettre les Canadiens en détention – que les « entités étrangères opèrent indépendamment de la juridiction ou du contrôle du Canada ».

Turley souligne que le Canada a fermé son ambassade en Syrie en 2012. Elle dit que tout effort de rapatriement doit trouver un équilibre entre la sûreté et la sécurité des responsables canadiens et des détenus, ainsi que des considérations de sécurité nationale.

Devant le tribunal, Turley a déclaré que la protection du Canada contre les menaces posées par des personnes qui se sont rendues à l’étranger pour participer à des combats armés, collecter des fonds, recruter ou produire des médias ou de la propagande pour des organisations extrémistes pourrait constituer des infractions terroristes.

La formation que ces personnes ont reçue à l’étranger pourrait faire d’elles une menace pour la sécurité nationale et la sécurité publique si elles devaient revenir au Canada, a soutenu Turley.

En dehors du tribunal, Greenspon a déclaré que le Canada dispose de lois et de ressources pour poursuivre ces personnes lorsqu’elles sont rapatriées.

« Si vous avez des indices que ces personnes ont commis des crimes, ramenez-les chez eux et donnez-leur un procès équitable. Vous ne pouvez pas les laisser pourrir en prison sans inculpation ou dans des camps de détention sans raison.

CHERCHE UNE PREUVE DE VIE

Sally Lane a déposé des affidavits concernant son fils, Jack Letts, un homme anglo-canadien emprisonné dans une prison kurde depuis 2017. Elle est représentée par l’avocate Barbara Jackman. Son fils est le seul homme canadien emprisonné identifié dans les documents judiciaires. Lane pense que son fils a été torturé. Lane dit que son fils s’est converti à l’islam à l’adolescence et s’est rendu en Syrie en 2014 pour aider d’autres musulmans. Elle dit qu’il n’est pas un terroriste. Lane n’a pas eu de nouvelles de son fils depuis trois ans.

« Il nous a dit de ne pas perdre espoir. Il a dit très peu. Ses premières lettres étaient fougueuses et pleines d’entrain, mais tout cela a disparu », a déclaré Lane. Le gouvernement britannique a retiré Letts de sa citoyenneté en 2019, et cette audience juridique au Canada pourrait être la dernière chance de Lane de forcer le gouvernement à découvrir ce qui est arrivé à son fils. Elle veut une preuve de vie et son fils est revenu au Canada.

Mais le combat juridique de Lane a de nouveau été retardé. L’affaire a été ajournée deux jours avant que tous les témoignages ne soient entendus. La Cour fédérale se démène pour trouver une autre date d’audience alors que la vie de Canadiens est mise en danger dans des camps à l’autre bout du monde.

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