Plus de blessures en vélo de montagne

Les médecins orthopédistes du Québec constatent une augmentation importante du nombre de blessures associées à la pratique du vélo de montagne qui connaît une croissance fulgurante.

« C’est une activité beaucoup plus intense que le vélo sur route parce qu’il y a plus d’obstacles. Il y a définitivement eu une augmentation des blessures au cours de l’été dernier », a fait part le Dr Jean-François Joncas, chirurgien orthopédiste à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke et également président de l’Association d’orthopédie du Québec.

Le but de ses propos n’est pas d’être alarmiste, mais plutôt de faire de la sensibilisation, dit-il, surtout en ce début de saison où de nombreux adeptes effectueront leurs premiers coups de pédales dans les sentiers.

« Il faut voir ça comme le ski. Les gens qui ne sont pas habitués à faire du ski ne s’aventurent pas dans les pistes les plus ardues », affirme-t-il.

Explosion du nombre de blessures

« L’été dernier, le nombre de blessures a facilement doublé, si ce n’est pas triplé et on s’attend à l’équivalent pour l’été qui s’en vient », a-t-il ajouté.

Les orthopédistes notent que les débutants sont plus susceptibles de s’infliger des blessures mineures sur le « haut du corps » (fracture du poignet ou de la clavicule), tandis que les blessures sérieuses surviennent chez les adeptes les plus expérimentés.

« Ce sont des gens assez avancés, qui sont à l’aise avec leur vélo, et qui vont prendre plus de risques en essayant de faire des sauts ou d’aller plus vite. On retrouve alors des fractures autour du genou, de la hanche, du bassin ou des chevilles. C’est la violence de l’impact qui fait la différence », poursuit le Dr Joncas.

Malheureusement, la pratique du vélo de montagne a fait une victime l’été dernier au Québec.

Réadaptation

Hélène Breton de la région de Québec a passé près de 18 mois en réadaptation pour une triple fracture au bras et à l’épaule gauche après une sortie qui a mal fini dans un parc du Vermont, en 2018.

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Elle a chuté en mettant le pied à terre, alors que le vélo était en mouvement. « J’ai fait une erreur de débutante. Si j’ai un conseil à donner aux gens, c’est : prenez un cours. Il ne faut jamais prendre pour acquis qu’on est plus fort qu’un autre », a-t-elle témoigné.

♦ Frédérique Bélanger Ducharme, 40 ans, a perdu la vie après une mauvaise chute dans un sentier difficile du club de vélo Éolien de Matane en juillet 2020. Elle était débutante dans cette discipline.

Des experts appellent les nouveaux adeptes à la prudence


Selon Marie-Ève Coutu, coordonnatrice groupe et programme jeunesse au centre Empire 47 et adepte de vélo de montagne, il vaut mieux éviter de se comparer aux autres et profiter du temps passé en forêt sur son vélo.

Photo Diane Tremblay

Selon Marie-Ève Coutu, coordonnatrice groupe et programme jeunesse au centre Empire 47 et adepte de vélo de montagne, il vaut mieux éviter de se comparer aux autres et profiter du temps passé en forêt sur son vélo.

Mieux vaut être un adepte de vélo de montagne aguerri avant de s’élancer dans certaines pistes, mettent en garde des experts de ce sport.

Marie-Ève Coutu, coordonnatrice groupe et programme jeunesse au centre Empire 47, en banlieue de Québec, propose différents conseils pour connaître une belle saison.

« Il faut respecter notre progression. Si je roule avec des gens plus expérimentés que moi, c’est à eux de s’adapter à mon niveau », affirme-t-elle.

« Souvent, on veut aller plus vite que ce qu’on est capable. Il ne faut pas succomber à la pression de nos amis ou de ce qu’on voit sur les réseaux sociaux qui est sensationnel avec des gros sauts. Ça prend une progression pour en arriver là », dit-elle avec sagesse.

« Peut-être qu’on n’arrivera jamais là non plus. Il faut définir sa propre identité et déterminer quels genres de pistes on aime faire. »

Charte de progression

Plusieurs centres comme Empire 47 travaillent d’ailleurs à la mise en place d’une charte de progression afin d’inciter les adeptes à adopter une pratique sécuritaire de leur sport favori.

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Mmoi Coutu énumère plusieurs conseils pour amorcer la saison en beauté. Avant de faire une sortie, elle suggère de passer en revue l’équipement, en passant de la pression des pneus, au positionnement de la selle et au bon fonctionnement des freins si essentiels dans les sentiers.

Même si la tentation est forte de vouloir contempler les petits oiseaux, mieux vaut garder les yeux rivés sur les sentiers comme le font les automobilistes sur la route. « En scrutant le terrain, cela permet d’anticiper ce qui s’en vient et d’ajuster sa vitesse pour avoir un temps de réaction », poursuit Mmoi Coutu qui cumule plus de 25 ans d’expérience dans le domaine.

Techniques de freinage

Bien qu’il y ait beaucoup à dire sur les techniques de freinage, cette dernière recommande l’utilisation simultanée des deux freins, avant et arrière.

« Il faut éviter de bloquer les freins pour ne pas occasionner des pertes de contrôle. On utilise une faible pression qui nous ralentit, au lieu de bloquer nos roues. »

Les freins à disque sont aussi beaucoup plus réactifs que les freins à jante, un détail qui n’est pas à négliger. La position sur le vélo devrait être neutre (centrale) idéalement et non trop vers l’arrière, afin de garder de l’adhérence sur la roue avant. Les pédales devraient être parallèles au sol.

Enfin, ne jamais perdre de vue que le développement des habiletés varie en fonction des heures de pratique, souligne Mmoi Coutu.

Les sentiers du Québec sont pris d’assaut

Au Québec, on compte plus de 150 sites, offrant plus de 2500 km de sentiers, où il est possible de pratiquer le vélo de montagne et des joueurs s’ajoutent dans le marché.

« Depuis quelques années et en particulier depuis la pandémie, on note un engouement sans failles pour le vélo de montagne. Je fréquente pas mal les sentiers et je n’ai jamais vu autant de monde », affirme Jacques Sennéchael, rédacteur en chef du magazine Vélo Mag.

Alexandre Lemerise, directeur adjoint du centre de vélo de montagne Empire 47, situé à Lac-Delage, en banlieue de Québec, abonde dans le même sens.

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« Le vélo de montagne s’est démocratisé surtout parce que la technique de construction de sentiers a beaucoup changé. Les sentiers sont beaucoup plus accessibles qu’avant », souligne M. Lemerise.

Plusieurs centres de vélo de montagne ont enregistré une augmentation de 50 % à 75 % de leur achalandage l’année dernière.

« En 2019, on a vendu 2200 passes de saison. Dans le temps de le dire, on est monté à 3800 l’été dernier », ajoute-t-il.

Toute proportion gardée, il n’existe pas plus d’accidents en vélo de montagne que dans d’autres sports, soutient M. Lemerise qui cite entre autres le hockey.

« En comparaison, je vous le dis, on n’est vraiment pas un sport dangereux », dit-il.

Nouveaux joueurs

En plus des investissements pour améliorer les infrastructures existantes aux quatre coins du Québec, de nouveaux joueurs font leur apparition dans le marché. C’est le cas du nouveau centre de vélo de montagne et fatbike qui ouvrira à Montebello, en Outaouais, le 24 juin prochain.

« Il y a beaucoup de demandes et il y a peu d’offres dans notre secteur. Pourtant, Montebello est l’un des premiers endroits au Québec qui a développé ce sport dans les années 1980 », affirme Sylvain Bourgeois, porte-parole de Montebello Vélo de Montagne.

M. Bourgeois, qui est pompier de profession, affirme que rien n’a été laissé au hasard dans l’aménagement des pistes pour assurer la sécurité des usagers.

« On répond à des spécifications vraiment strictes pour la couverture d’assurance en responsabilité civile. Il n’y a rien qui est négligé. On veut que les gens vivent une belle expérience et qu’ils reviennent nous voir », a déclaré M. Bourgeois.

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