Les manchots à jugulaire sont de fervents siestes, en prenant plus de 10 000 par jour, mais chacun ne dure que 4 secondes.
S’assoupir pendant plusieurs courtes périodes chaque jour est une habitude courante chez les oiseaux. Les pigeons, par exemple, peuvent faire des centaines de microsommeils par jour, pendant environ 10 secondes à la fois.
Mais le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctique), une espèce nommée d’après la bande noire distinctive sous sa tête, a poussé ce modèle de sommeil à l’extrême.
Pendant la saison de nidification, les manchots à jugulaire mâles incubent leurs œufs pendant que leurs partenaires effectuent de longs voyages de recherche de nourriture. Cela signifie que les mâles doivent rester vigilants pour protéger leurs œufs des oiseaux marins tels que les labbes qui s’en nourrissent.
Paul-Antoine Libourel à l’Université Claude Bernard Lyon 1, en France, et ses collègues ont décidé d’étudier comment ils pouvaient rester sur leurs gardes 24 heures sur 24.
Les chercheurs ont attaché des capteurs à 14 manchots à jugulaire nicheurs et ont surveillé à distance leur activité cérébrale pendant 11 jours.
Après avoir analysé les données, ils ont découvert que chaque oiseau dormait environ 11 heures par jour, réparties en plus de 10 000 siestes d’une durée d’environ 4 secondes chacune. Ces microsommeils étaient répartis de manière assez homogène sur chaque période de 24 heures, explique Libourel.
«C’était vraiment surprenant qu’ils dorment toujours ainsi», dit-il. “C’est juste un état permanent – ils vivent constamment entre l’éveil et le sommeil.”
Ce rythme de sommeil très fragmenté leur permet de garder un œil vigilant sur leurs œufs.
« Je pense que nous avons tendance à sous-estimer la flexibilité du sommeil. Pour autant que nous le sachions, tous les animaux ont besoin de dormir, mais le sommeil peut être très différent selon les espèces vivant dans des environnements différents », explique Anne Auslebrook à l’Institut Max Planck pour l’intelligence biologique en Allemagne.
Comme ces manchots réussissent à se reproduire et à se nourrir, ils ne semblent pas manquer des avantages d’un repos plus long, explique Libourel. Mais Auslebrook dit que nous ne pouvons pas encore en être sûrs. “Une question à laquelle l’étude n’a pas pu répondre est de savoir si un sommeil aussi fragmenté a un coût.”
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