La Malaisie et Singapour sont enfermés dans une confrontation culinaire sur le nasi lemak, chacun prétendant que sa version règne en maître. Mais derrière cette divertissante rivalité gastronomique se cache une bataille plus importante : celle de l’eau.
Les problèmes de pénurie d’eau à Singapour l’obligent à dépendre de l’eau importée pour une grande partie de son approvisionnement quotidien. Les accords sur l’eau entre Singapour et la Malaisie remontent à 1927 et ont été vitaux mais controversés. Aux termes de l’accord actuel, qui sera en vigueur jusqu’en 2061, Singapour paie à la Malaisie le droit de puiser plus de 960 millions de litres d’eau par jour dans le fleuve Johor.
Mais depuis le début des années 2000, la Malaisie et Singapour sont en désaccord sur l’équité de l’accord. La Malaisie fait pression pour renégocier pour trouver ce qu’il estime être une valeur plus juste pour l’eau qu’il vend, tandis que Singapour reste fidèle aux termes de l’accord existant. La Malaisie estime que l’accord donne effectivement la priorité à la sécurité de l’eau de Singapour plutôt qu’à la sienne.
La dernière poussée est arrivée novembre 2023 lorsque la Malaisie a fait pression pour une révision de l’accord en raison de « certains problèmes ». Alors que l’impasse se poursuit, les deux nations sont explorer des alternatives réduire la dépendance à l’égard de l’eau importée.
La stratégie de l’eau de Singapour comprend une initiative de recyclage de l’eau appelée NOUVEAUEau et dessalement. Ces deux initiatives soutiennent l’espoir du gouvernement d’atteindre l’autosuffisance en eau. Ça dit NOUVEAUEau peut répondre aujourd’hui à environ 30 pour cent des besoins en eau de Singapour et pourrait en satisfaire jusqu’à 55 pour cent d’ici 2050, tandis que le dessalement pourrait répondre à ces besoins. 85 pour cent de ses besoins futurs.
Certains universitaires suggèrent qu’il existe un «bonne chance« Singapour atteindra l’autosuffisance en eau d’ici 2061, date à laquelle l’accord actuel avec la Malaisie expirera. Cela marquerait une étape majeure dans la gestion et la sécurité de l’eau.
Cependant, aucune de ces initiatives n’est sans préoccupations environnementales.
Singapour en compte cinq usines de dessalement. La préoccupation centrale vient du énergivore méthode utilisée dans le processus de dessalement à Singapour, l’osmose inverse. L’osmose inverse force l’eau de mer à travers des membranes semi-perméables sous haute pression, conduisant à gaz à effet de serre émissions. Usines de dessalement à énergie solaire pourrait atténuer certains problèmes, mais ce n’est pas une solution miracle.
Les usines de dessalement nécessitent un prélèvement et un rejet constants d’eau de mer, ce qui peut perturber la vie marine, déplacer leurs habitats et introduire saumure concentrée retourner dans l’océan. Eau salée peut contenir des produits chimiques de prétraitement dangereux, des composés organiques et métaux lourdset peut conduire à l’acidification des océans et à la pollution côtière.
Il existe des moyens de limiter ces effets. Méthodes alternatives d’élimination telles que approche zéro rejet de liquideainsi que le développement de technologies et la répression des réglementations environnementales, peuvent tous contribuer au bon fonctionnement des usines de dessalement.
Mais alors que Singapour s’efforce d’assurer un avenir sûr en matière d’eau, elle doit elle aussi discerner la place de la durabilité dans ce puzzle. Pour l’instant, il continue d’utiliser l’allocation convenue de l’eau malaisienne car elle reste l’option économique par rapport aux processus de dessalement ou de recyclage.
Le Accord sur l’eau entre la Malaisie et Singapour a de grandes implications pour la souveraineté de la Malaisie, en particulier pour l’État méridional de Johor. L’accord restreint le contrôle de la Malaisie sur son propre approvisionnement en eau, accordant à Singapour une quantité d’eau stipulée à un prix fixe. Cela porte atteinte à la liberté de la Malaisie de prendre des décisions en matière de gestion de l’eau en fonction de ses ressources.
Le mécanisme de tarification L’accord a été controversé, Singapour achetant de l’eau à un prix bien inférieur au prix du marché. Les critiques soutiennent que la Malaisie devrait bénéficier d’un partage plus équitable de la bénéfices économiques provenant des ventes d’eau à Singapour. Les termes de l’accord signifient que Johor ne profite pas des revenus provenant de ses ressources en eau sous-évaluées, limitant ainsi sa capacité de développement.
Le fait que la Malaisie soit devenue dépendante économiquement de Singapour pour ses exportations d’eau complique encore davantage les questions liées à sa souveraineté. Il en est venu à dépendre d’un pays voisin pour acheter sa ressource vitale afin de maintenir sa croissance économique et son développement.
Il existe de nombreux sujets de préoccupation pour la Malaisie. L’accord a un objectif clairement défini sans aucune disposition exigeant une renégociation ou une révision après coup. Singapour est en train de devenir autosuffisant, ce qui signifie qu’elle pourrait sortir de l’accord et laisser la Malaisie avec un trou béant dans ses sources de revenus.
D’un autre côté, son incapacité à exercer un contrôle sur ses propres ressources en eau avant 2061 pose en soi des défis. La Malaisie connaît plus de perturbations à la qualité de son eau potable, provoquant la pénurie d’eau dans certaines parties de sa population croissante.
Une demande croissante en eau et la croissance démographique, couplée à inondations, les sécheresses, et pollution, a entraîné un déclin des bassins versants, notamment à Johor. La capacité en eau brute du bassin a commencé à diminuer, mettant en évidence la pression croissante sur les ressources en eau de la région.
Il reste des décennies avant que la Malaisie et Singapour ne soient obligés de résoudre définitivement leurs différends concernant les accords sur l’eau, mais les changements climatiques et la pénurie d’eau pourraient les forcer à négocier plus tôt. La manière dont cela se déroulera peut dépendre de la rapidité avec laquelle Singapour développe des sources d’eau alternatives.
Même si les relations ténues entre la Malaisie et Singapour tiennent bon, il suffit d’une seule fuite pour que le barrage géopolitique se brise.
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