Une entreprise sous contrôle chinois conteste l’ordre d’Ottawa de se dessaisir d’actifs pour des raisons de sécurité

OTTAWA — Le gouvernement libéral a ordonné à une entreprise de télécommunications chinoise appartenant à l’État de se départir de sa participation dans une filiale canadienne pour des raisons de sécurité nationale, ce qui a entraîné une contestation judiciaire de l’ordonnance.

China Mobile International Canada demande à la Cour fédérale d’annuler la récente décision, affirmant que le gouvernement n’a aucune raison de croire que l’entreprise compromettrait la sécurité ou se livrerait à l’espionnage au nom de Pékin.

CMI Canada affirme que le gouvernement Trudeau était motivé, au moins en partie, par « le climat socio-économique politique actuel et les préjugés généraux contre les entreprises d’État chinoises ».

L’affaire se déroule au milieu de fortes tensions entre Ottawa et Pékin au sujet de la détention prolongée par la Chine des citoyens canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor pour espionnage présumé.

Les actions de la Chine contre Spavor et Kovrig sont largement considérées en Occident comme des représailles à l’arrestation fin 2018 par les autorités canadiennes de Meng Wanzhou, cadre de la société chinoise Huawei Technologies, afin qu’elle puisse être extradée vers les États-Unis pour faire face à des accusations de fraude.

La demande de CMI Canada déposée cette semaine devant la Cour fédérale révèle les détails d’une affaire de filtrage des investissements qui s’est discrètement déroulée hors de la vue du public au cours de la dernière année.

La société, créée en 2015, fournit des services de communication mobile, y compris des forfaits d’appels prépayés, mais ne possède ni n’exploite elle-même d’installations de réseau de télécommunications. Au lieu de cela, il s’est associé à Telus Communications Inc. pour la fourniture de services sans fil via le réseau de Telus.

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CMI Canada affirme avoir omis par inadvertance d’informer le gouvernement fédéral de sa présence en tant que nouvelle entreprise canadienne jusqu’en octobre de l’année dernière. Une série de demandes d’information de la part de fonctionnaires fédéraux a rapidement suivi.

La Loi sur Investissement Canada et le Règlement sur l’examen des investissements en matière de sécurité nationale permettent au gouvernement fédéral d’examiner un investissement au Canada par une entreprise étrangère.

En janvier, le gouvernement a informé CMI Canada d’un examen pour des raisons de sécurité, affirmant que l’investissement pourrait faire en sorte que l’entreprise canadienne soit exploitée par l’État chinois « à des fins non commerciales, telles que la compromission d’infrastructures critiques et l’ingérence étrangère, pour le au détriment de la sécurité nationale du Canada.

À la suite d’échanges d’informations supplémentaires, le gouvernement a émis le 9 août une ordonnance enjoignant à China Mobile de se dessaisir entièrement ou de liquider l’entreprise canadienne dans les 90 jours.

CMI Canada soutient que la conclusion « équivalait à de la spéculation sur ce que l’entreprise canadienne peut faire », comme utiliser son accès supposé à des informations sensibles pour « des applications militaires ou d’espionnage ».

L’entreprise soutient qu’Ottawa n’aurait pas pu raisonnablement conclure, sur la base des informations disponibles, que l’investissement serait préjudiciable à la sécurité nationale du Canada.

Il indique que la société ne possède ni n’exploite aucune installation de transmission au Canada, n’a pas d’accès privilégié ou direct à une infrastructure critique et n’a accès à aucune donnée de télécommunication sensible ou information personnelle, autre que les coordonnées de base.

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CMI Canada demande au tribunal d’annuler la décision fédérale ou, à titre subsidiaire, de renvoyer l’affaire au gouvernement pour réexamen. Il souhaite également que l’ordonnance soit suspendue dans l’attente de l’issue de l’affaire et de tout appel.

Si la décision n’est pas suspendue, l’entreprise sera forcée de quitter “le paysage canadien entièrement. Cela nécessiterait la cessation de sa clientèle et de ses opérations”, indique l’application.

Le gouvernement fédéral n’a pas encore déposé de réponse et aucune date n’a été fixée pour une audience.

Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 11 septembre 2021.

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