The Lex Newsletter : Le Brexit déplace les banquiers londoniens pour vivre “la dolce vita” à Milan

Cher lecteur,

Salutations de Milan. En tant que visiteur régulier de Londres, j’ai remarqué à quel point l’ambiance est devenue maussade. Les grèves et la contraction de l’économie ne sont que quelques-unes des raisons. La capitale de la Lombardie a une ambiance beaucoup plus dynamique. Une raison? Milan est le bénéficiaire d’une manne bancaire post-Brexit.

Il y a certainement beaucoup plus de gros joueurs en ville. Le Brexit a coûté 7 000 personnes à Londres dans les sociétés de services financiers, selon un rapport compilé par EY l’année dernière. Selon l’Autorité bancaire européenne, le nombre de banquiers des centres financiers européens gagnant plus d’un million d’euros a augmenté de 738, soit 41%, en 2021 par rapport à l’année précédente. L’Italie représente à elle seule 29% de l’augmentation, ce qui signifie que le nombre de personnes se promenant dans Milan avec un chèque de paie à sept chiffres brûlant un trou dans leur poche a presque doublé pour atteindre 351.

Ce ne seront pas tous des exilés du Brexit, bien sûr. Certains des nouveaux millionnaires pourraient être des banquiers locaux faisant (encore) mieux pour eux-mêmes. Mais, pour l’anecdote, beaucoup d’anciens Londoniens vivent maintenant la vie douce. Un bon nombre d’Italiens – peut-être ceux qui travaillaient avec des entreprises italiennes à Londres – rentreront chez eux.

Pas tous, cependant. Goldman Sachs, par exemple, a créé des hubs thématiques dans les centres financiers européens. Celui de l’énergie est à Milan.

Il était une fois, le déménagement de Londres à Milan aurait été difficile pour les non-Italiens. La ville était austère, hostile et mal équipée pour recevoir des résidents internationaux, sans une librairie anglaise ni un film en langue originale en vue. Il a maintenant beaucoup changé. En effet, un banquier mobile et sans fantaisie effectuant une analyse coûts-avantages des centres financiers européens pourrait trouver Milan en tête de liste.

C’est le risotto ? La mode? La distance en voiture de Portofino et St Moritz? Tout cela fait partie du package. Mais la plus grande attraction semble être les taxes, ou leur absence. Le taux d’imposition maximal pour ceux qui déménagent en Italie est de 13 % pour les cinq premières années et de 22 % pour les cinq suivantes.

Palerme est un pari encore meilleur sur le plan fiscal, bien que mal situé. Son taux d’imposition est de 4,5 %. Et si vous tombez amoureux du concept du grand italien famille, eh bien, c’est tout pour le mieux aussi. Si vous avez trois enfants de moins de 18 ans, votre taux d’imposition tombe à 4,5 %, quel que soit l’endroit où vous choisissez de vivre.

Cela vaut la peine d’être examiné si vous gagnez un salaire élevé. Et si vous avez déjà gagné votre argent, l’Italie a aussi une place pour vous. Dans le cadre de l’équivalent local du régime britannique non-dom – qui s’applique également aux Italiens qui vivent à l’étranger depuis au moins neuf ans – les impôts sur le revenu en dehors de l’Italie s’élèvent à 100 000 € par an. Le footballeur Cristiano Ronaldo a apparemment pensé que cela en valait la peine.

Ces allégements fiscaux – affectueusement appelés “svuota-Londra” – produisent l’effet escompté. Selon Marco Cerrato, associé de la société fiscale Maisto e Associati, en utilisant les derniers chiffres disponibles et en projetant la tendance à l’avenir, 2 000 immigrés pourraient désormais bénéficier du régime d’imposition sur le revenu réduit. Et les non-doms italiens ont généré près de 100 millions d’euros de revenus imposables en Italie, tout en dépensant des tonnes d’argent.

Cela se traduit par une hausse des prix de l’immobilier. Le prix des maisons de luxe à Milan a augmenté de 25 % au cours des six derniers mois, selon un rapport de Bloomberg. Les écoles internationales fleurissent à chaque coin de rue. L’afflux d’individus fortunés provoque également une modification du tissu du lieu. Les clubs de membres, jusque-là inconnus, se multiplient. Casa Cipriani, du nom de l’hôtel vénitien éponyme, est une opportunité de voir et d’être vu à 4 000 € par an, et est particulièrement appréciée des Milanaises qui déjeunent. Le Core Club, qui facturerait 10 000 € par an, a ouvert une succursale à Milan.

Ce ne sont pas toutes de bonnes nouvelles, bien sûr. L’inflation, en particulier pour les biens et services haut de gamme, est préoccupante. Et l’afflux de banquiers signifie que les conversations lors de dîners dans le centre de Milan se concentrent désormais de manière écrasante sur la rareté des appartements à 4 millions d’euros ou sur la difficulté de trouver de l’aide.

Mais, encore, le changement devrait être bien accueilli. Quand je suis revenu de Londres à Milan, il y a de nombreuses lunes, c’était un endroit calme et fermé. Les amitiés sur le lieu de travail, une donnée à Londres, étaient inconnues. Rencontrer quelqu’un de nouveau était un défi. Une nouvelle culture plus cosmopolite, ainsi que les opportunités d’une économie en croissance, rendent désormais Milan plus conviviale et plus variée que je n’aurais jamais cru possible.

Ciao,

Camille Palladino
Lex écrivain